Transformation de la rémunération dans les entreprises syndiquées du secteur automobile de Montréal en contexte de pénurie de main-d’oeuvre et d’inflation

Abstract

Cette recherche vise à observer la modification de la rémunération pour les concessionnaires automobiles de la région de Montréal qui sont syndiqués, et dont la convention collective a été renouvelée en 2022 ou 2023. L'objectif est d'observer quels aspects de la rémunération ont été modifiés lors du renouvellement de la convention collective dans une période marquée par une pénurie de main-d'oeuvre et une forte inflation.

Cette recherche se base sur les modèles de Bacharch et Lawler (1981) et de Chamberlain et Kuhn (1986), lesquels mettent de l'avant respectivement le rapport de dépendance entre les parties qui négocient ainsi que le coût du désaccord. Ces modèles nous permettent d'analyser le rapport de force qui s'exerce entre les parties qui renouvellent un contrat de travail collectif, alors que la négociation a comme trame de fond une vague d'inflation et une pénurie de main-d’œuvre. Les circonstances économiques génère un rapport de force favorable aux syndicats, il est donc intéressant d'observer les différents éléments de la rémunération par rapport auxquels des gains ont possiblement été faits, et s'ils s'avèrent statistiquement significatifs.

La méthodologie : il s'agit d'une comparaison entre des conventions qui se terminent en 2022 ou 2023, et leur convention renouvelée. Notre population couvre 43 concessionnaires automobiles dans la région de Montréal. Les conventions devaient être conclues auprès de concessionnaires automobiles couverts par le décret de Montréal. Les unités d’accréditation sont celles qui regroupent les emplois figurant au sein d'ateliers mécaniques (techniciens, commis aux pièces, laveurs...). Ce sont justement des métiers qui sont touchés par une pénurie de main-d'œuvre à la fois quantitative et qualitative. Douze facteurs ont été sélectionnés et codés dans la base de données SPSS, afin de pouvoir obtenir des résultats statistiques. Nous avons observé, notamment, les pourcentages d’augmentation salariale annuelle selon leur année calendrier et leur ordre (première année, deuxième année…), la durée, les primes, les vacances, les assurances collectives et le fonds de retraite.

L’une des conventions collectives regroupait 28 concessionnaires, rendant la répartition des données anormale. Afin de respecter cette non-normalité et puisqu’il s’agit de données qui sont liées et qui sont les mêmes, à deux moments différents, nous avons utilisé le test de signe de rangs de Wilcoxon afin de vérifier si les variations observées étaient statistiquement significatives. De ces douze facteurs, six se sont avérés statistiquement significatifs, dont, le taux d’augmentation de salaire annuel, une prime, la part employeur du régime de retraite et le moment d’acquisition de la 5e semaine de vacances. Ces données démontrent une augmentation réelle et concrète de plusieurs aspects de la rémunération. Cela met de l’avant les conditions de négociation qui ont été tout à fait favorables aux syndicats qui ont pu obtenir des gains dans différentes sphères de la rémunération.