Développement des représentations orthographiques liées à la structure graphémique des mots d’élèves en début de scolarisation

Abstract

Le développement de la compétence orthographique repose sur l’acquisition de différentes connaissances, notamment de connaissances orthographiques. Comme peu de travaux ont étudié les particularités du système graphémique et leurs effets sur le développement des connaissances orthographiques, l’objectif de cette étude est de documenter certains constats émis dans la littérature scientifique et d’étudier les effets du type de graphème (phonogramme vocalique, phonogramme consonantique ou graphème muet), de la complexité graphémique (graphème simple ou complexe) et de la position du graphème dans le mot (au début, au milieu ou à la fin) sur le développement de représentations orthographiques chez des élèves francophones en début de scolarisation (n=108). Pour ce faire, deux mesures expérimentales ont été utilisées pour documenter le développement des connaissances orthographiques des participants. Ces deux épreuves sont une série de dictées lacunaires et une tâche d’association forme-sens. Chaque semaine, les élèves devaient orthographier les mêmes 24 nouvelles configurations orthographiques, noms de personnages d’une histoire, dans le cadre d’une dictée lacunaire. Quatre dictées, correspondant respectivement au prétest, au milieu du projet, au post-test immédiat et au post-test différé, sont considérées pour les analyses statistiques afin d’évaluer le développement des représentations orthographiques des élèves dans le temps. Puis, une tâche d’association a été administrée à la fin du projet afin de déterminer si les élèves pouvaient associer la forme orthographique (les prénoms) au sens associé (personnages présentés au fil de l’histoire). Les résultats montrent que les graphèmes sonores, qu’ils soient vocaliques ou consonantiques, sont maitrisés plus tôt que les graphèmes muets et que les graphèmes simples sont plus rapidement maitrisés que les graphèmes complexes. Puis, bien que les résultats liés à la position du graphème soient moins clairs, ceux-ci indiquent que les graphèmes en position finale sont moins bien réussis que ceux en position initiale ou médiane. Ces résultats sont discutés en fonction de leur contribution potentielle par rapport aux données empiriques et de leur potentiel explicatif pour mieux rendre compte du développement des représentations orthographiques.

The development of the spelling competence is based on the acquisition of various types of knowledge, including spelling knowledge. Since few studies have investigated the particularities of the graphemic system and their effects on the development of orthographic knowledge, the objective of this research is to document certain findings published in the scientific literature and to study the effects of the grapheme type (vocalic phonogram, consonantal phonogram or silent grapheme), the graphemic complexity (simple or complex) and the grapheme’s position in the word (beginning, middle or end) on the development of orthographic representations in French-speaking students at the beginning of elementary school (n=108). To do so, two experimental tasks were used to document the development of participants' spelling knowledge: a series of fill-in-the-blank dictations and a form-meaning association task. Each week, the students were asked to spell the same 24 new spelling configurations (names of characters in a story) within the framework of a fill-in-the-blank dictation. Four dictations – a pre-test, a dictation given in the middle of the project, an immediate post-test and a delayed post-test – are considered for the statistical analyses to evaluate the development of the spelling representations over time. Then, an association task was administered at the end of the project to determine whether the students could associate the spelling form (names) with the correct meaning (characters introduced throughout the story). The results show that phonograms, whether vocalic or consonantal, are more easily learned than silent graphemes and that simple graphemes are more quickly learned than complex graphemes. Finally, although the results related to the grapheme’s position are less clear, they suggest that students have more difficulties with the graphemes at the end of the word than with those at the beginning and in the middle of the word. These results are discussed according to their potential contribution compared to the available empirical data and to their explanatory potential to better account for the development of orthographic representations.