Analyse des Services Intégrés Psychosociaux auprès des Parents (SIPP) du Centre d’Expertise en agression sexuelle Marie-Vincent (CEMV)

Abstract

Le dévoilement d’une agression sexuelle (AS) est successible de déstabiliser l’entourage de la victime, plus particulièrement les parents non-agresseurs (PNA), pour lesquels le soutien d’intervenants pourrait être utile. La présente étude porte sur la description d’un tel service, soit les Services Intégrés Psychosociaux auprès des Parents (SIPP) qui sont offerts au Centre d’Expertise en agression sexuelle Marie-Vincent (CEMV). Elle a pour objectif de mieux connaitre qui en sont les utilisateurs et quels types de soutien ils y reçoivent, afin que le Centre soit en mesure d’objectiver les services qu’ils offrent. Dans cet optique, deux volets sont à l’étude. Le volet 1 consiste à documenter les caractéristiques sociodémographiques et psychologiques des participants qui consultent les SIPP, ainsi que les caractéristiques du format des rencontres et les différentes thématiques abordées dans celles-ci. Le volet 2 consiste à comparer au moment où la psychothérapie de l’enfant débute, les participants ayant reçu des SIPP à ceux qui n’en n’ont pas reçu, afin de voir si ces groupes diffèrent quant à leurs caractéristiques sociodémographiques et psychosociales. Pour le volet 1, les intervenants ont rempli un questionnaire recueillant des informations sur les caractéristiques sociodémographiques de 112 participants, ainsi qu’un questionnaire recueillant les différentes thématiques abordées lors des rencontres. Pour le volet 2, auprès de participants venant au CEMV pour débuter une psychothérapie pour leur enfant, nous avons comparé les caractéristiques sociodémographiques et psychosociales de ceux ayant utilisé les SIPP (n = 55) et ceux ne les ayant pas utilisés (n = 65). Concernant le premier objectif du volet 1, les résultats démontrent que la clientèle est majoritairement composée des femmes (74,1%) âgées en moyenne de 38,38 ans (É.T = 8,3), à l’emploi et mariées (54,5%). Plus de la moitié (55,6%) des participants rapportaient vivre une détresse psychologique atteignant un seuil clinique, tandis que 48,4% souffraient cliniquement de symptômes du trouble de stress post-traumattique (TSPT). Les rencontres dans le cadre des SIPP durent en moyenne une heure (M = 60,5 minutes) et se tiennent majoritairement en présentiel (89,1%). Les participants se présentent en moyenne à 4 rencontres (M = 3,98) et les font majoritairement seuls (M = 68,2%), donc en l’absence d’un(e) partenaire. Pour les thématiques abordées, les résultats démontrent que les rencontres se concentrent majoritairement sur le soutien psychosocial, et plus particulièrement sur le soutien émotionnel des proches. Pour le volet 2, les analyses comparant les caractéristiques du groupe ayant reçu des SIPP au groupe n’ayant pas reçu les SIPP ne soulèvent aucune différence significative sur le plan sociodémographique ou psychosocial. Les résultats suggèrent que la clientèle ayant eu recours aux SIPP ne diffère pas de la clientèle qui ne les a pas utilisés. L’analyse du contenu des thématiques et du nombre de sessions de rencontre indique que les SIPP semblent offrir les services d’accompagnement et de soutien en situation de crise pour lesquels ils ont été développés.

The disclosure of a sexual assault can destabilize the victim's entourage, especially the non- offending parents, for whom the support of professionals could be useful. This study describes such a service, the Integrated Psychosocial Parent Services (IPPS), which are offered at the Centre d'Expertise en Agression Sexuelle Marie-Vincent (CEMV). The objective is to find out more about who uses these services and what kind of support they receive, so that the Centre can objectify the services they offer. To this end, two questions are being studied. Component 1 consists of documenting the sociodemographic and psychological characteristics of the participants who consult the IPPS, as well as the characteristics of the format of the sessions and the different themes addressed in them. Component 2 involves comparing participants who have received IPPS with those who have not, before their child begins psychotherapy, to see whether the group of participants who receive IPPS has different sociodemographic and psychological characteristics of those who do not. For Component 1, practitioners completed a questionnaire collecting information on the sociodemographic characteristics of 112 participants, as well as a questionnaire collecting the various themes discussed during the session. For Component 2, we compared the sociodemographic and psychosocial characteristics of participants at the time they came to CEMV to begin psychotherapy for their child, for those who had used SIPP (n = 55) and those who did not have (n = 65). Concerning the first objective of component 1, the results show that the clientele is predominantly female (74.1%), with an average age of 38.4 (S.D = 8.3), employed and married (54.5%). More than half (55.6%) of the participants reported psychological distress reaching a clinical threshold, while 48.4% suffered clinically from PTSD symptoms. On average, IPPS session last about an hour (60.5 minutes) and are mostly face-to-face (89.1% of the time). Participants attend around 4 sessions (average of 3.98), most of them alone (average of 68.2%), i.e., in the absence of a partner. In terms of the themes addressed during the session, the results show that the IPPS focuses mainly on psychosocial support, and more specifically on emotional support for the caregiver. For Component 2, analyses comparing the characteristics of the IPPS group with those of the non-IPPS group revealed no significant sociodemographic or psychological differences. The results suggest that clients who have used IPPS do not differ from those who have not. An analysis of the content of the themes and the number of sessions indicates that IPPS appears to offer the crisis support services for which it was developed.