Effet de la musique d’ambiance sur les fonctions exécutives : une revue systématique de la littérature

Abstract

La musique d’ambiance a la capacité de moduler les émotions et ses effets en particulier sur les fonctions exécutives est de plus en plus exploré, d’où l’intérêt de rassembler les connaissances actuelles et d’identifier les paramètres déterminants de ce phénomène qui constitue l’objectif central de cette revue systématique. Pour cela, quatre bases de données systématiques et trois non systématiques ont été sondées jusqu’au 22-07-2022 pour répertorier les études examinant l’effet de la musique d’ambiance instrumentale sur les trois fonctions exécutives centrales, soit l’inhibition, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive, d’adultes âgés entre 17 et 65 ans en bonne santé, non musiciens professionnels. La méthode de sélection d’articles PRISMA a permis de retenir 35 articles qui ont été évalués avec une adaptation de l’outil d’estimation de la qualité Critical Appraisal Skills Programme. Au total,16 études concernaient l’inhibition (n=858) et 23 la mémoire de travail (n=1748). Puisque seulement 3 études concernaient la flexibilité cognitive (n=681), cette fonction n’a donc pas fait l’objet d’analyse subséquente. Pour la majorité des articles (65,7%), le score de qualité était élevé, alors qu’il était modéré pour 34,3% d’entre eux. La plupart des méthodologies employait la musique classique et recrutait des jeunes adultes, les universitaires étant représentés de manière prédominante. Dans l’ensemble, les résultats sont hétérogènes, certains démontrant que la musique d’ambiance exerce un effet bénéfique, néfaste ou non significatif sur la performance exécutive. La qualité des études, l’adéquation entre les tâches et la fonction exécutive mesurée, les caractéristiques émotionnelles et le tempo des extraits musicaux semblent déterminants dans l’effet de la musique d’ambiance sur l’inhibition et la mémoire de travail, du fait de sa propension à avoir un effet facilitateur ou nuisible en fonction de ces éléments. Pour la mémoire de travail, l’intensité sonore et la personnalité semble aussi des facteurs influents. Certaines limitations méthodologiques ont réduit la capacité à comparer les études entre elles, telles que des imprécisions dans la description des paramètres musicaux et des caractéristiques des participants, puis des inconsistances à travers les études concernant l’adéquation des tâches pour évaluer les fonctions exécutives. Nos recommandations d’utiliser des instruments de mesures standardisés ou des paradigmes expérimentaux reconnus pour évaluer ces fonctions et de rapporter de manière exhaustive les paramètres musicaux, entre autres, devraient permettre d’uniformiser les méthodes et la qualité des recherches futures, afin d’optimiser la compréhension de l’effet de la musique d’ambiance sur l’inhibition et la mémoire de travail et se pencher davantage sur la flexibilité cognitive.

Background music has the capacity to modulate emotions, and its effects on cognitive processes, specifically on executive functions, are increasingly explored. Hence the importance of gathering current knowledge and identifying the determining parameters of this phenomenon, which constitutes the central objective of this systematic review. To accomplish this, four systematic and three non-systematic databases were surveyed up to 2022-07-22 to find studies exploring the effect of instrumental background music on the three core executive functions, namely inhibition, working memory, and cognitive flexibility, in healthy adults aged between 17 and 65 years old who were non-musicians or non-professional musicians. The article selection method followed the PRISMA Statement and yielded 35 studies, which were evaluated with an adapted version for estimating quality of the Critical Appraisal Skills Programme. In total, 16 studies related to inhibition (n=858), 23 to working memory (n=1748). Since only 3 studies explored cognitive flexibility (n=681), this function was not analyzed further. For most of them (65.7%), quality score was rated high, whereas for 34.3% quality score was moderate. Most methods were characterized by classical music and recruited younger adults; university students were predominantly represented. Generally, study results are heterogeneous, some demonstrate that background music exerts a beneficial influence, a detrimental effect or no significant effect on performance. Study quality, adequacy of measurement tasks and the executive function evaluated, emotional characteristics of music, and tempo appear essential in understanding background music’s effect on inhibition and working memory, as a result of its tendency to have a beneficial of impairing effect according to them. For the latter, sound intensity and personality also seem to be influential factors. Some methodological limitations lessened our ability to compare studies, such as imprecisions concerning the description of musical parameters or participant samples, and inconsistency across studies relating to adequacy of tasks used to evaluate executive functions. Our recommendations to use standardized measurement instruments or experimental paradigms recognized to assess these functions, and to comprehensively report musical parameters, among others, should help standardize the methods and quality of future research, allowing our understanding of the effect of background music on inhibition, working memory, and cognitive flexibility to be optimized.