Évaluation de l’impact de la maladie de Kawasaki sur le développement neurocognitif

Abstract

Introduction : La maladie de Kawasaki (MK) est une vascularite immunitaire transitoire se manifestant majoritairement chez les enfants d’âge préscolaire. Différentes atteintes neurologiques ont été répertoriées en phase aigüe, la plus fréquente étant une irritabilité excessive associée à une inflammation du système nerveux central. Les conséquences potentielles de la MK sur le développement cognitif, comportemental et cérébral des enfants demeurent peu étudiées. Objectifs : Cette étude pilote vise à (1) décrire le profil neuropsychologique d’enfants d’âge scolaire primaire ayant eu la MK et (2) explorer les impacts sur des marqueurs électroencéphalographiques (EEG) associés à l’attention et à la maturation cérébrale. Méthode : Quinze enfants (âgés de 8.8±2.5 ans) ont été recrutés pour l’étude, en moyenne 4.9±2.7 ans après avoir eu la MK. Une évaluation des fonctions intellectuelles (Wechsler Intelligence Scale for Children – 5th Edition), de l’attention soutenue auditive (Test of Everyday Attention for Children) et de la mémoire épisodique verbale (California Verbal Learning Test for Children) a été effectuée. Les parents ont répondu à 4 questionnaires standardisés pour évaluer 1) le fonctionnement exécutif (Behavior Rating Inventory of Executive Function); 2) les problèmes internalisés et externalisés (Child Behavior Checklist); 3) les symptômes du Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (Conners-3) et 4) les symptômes du Trouble du spectre de l’autisme (Social Responsiveness Scale-2). La fréquence de participants présentant une performance cognitive plus faible (≤ 1 écart-type sous la moyenne normative) et/ou des difficultés comportementales potentielles (≥ 1 écart-type au-dessus de la moyenne normative) a été calculée. Le ratio thêta/bêta et le pic alpha ont été extraits du signal EEG de repos et comparés aux données de 32 enfants contrôles (8.9±2.1 ans). Un algorithme de réduction de dimensions a été utilisé sur la bande alpha pour détecter des tendances inter et intra-groupes. Résultats : Les fonctions intellectuelles et mnésiques des participants se sont avérées dans les normes. Toutefois, une proportion importante d’enfants a performé dans la moyenne faible ou dans la zone limite à la tâche attentionnelle (4/14; 29%). Les réponses parentales ont révélé des proportions considérables d’inattention (6/14; 43%), de difficultés en mémoire de travail (7/14; 50%) et d’hyperactivité-impulsivité (5/14; 36%). Alors qu’aucune différence au niveau du ratio thêta/bêta n’a été soulevée, le ratio d’amplitude du pic alpha du groupe clinique s’est avéré significativement plus faible que celui du groupe contrôle, montrant un pic atténué dans 4 des 6 régions étudiées (p<0.05 au Mann-Whitney). L’algorithme de réduction des paramètres de la bande alpha a révélé une séparation franche des participants MK en deux sous-groupes. Le sous-groupe ayant une bande alpha davantage atténuée comportait plus d’enfants ayant présenté de l’irritabilité en phase aigüe (8 vs 1; test exact de Fisher p = 0.023). Conclusions : Malgré des aptitudes cognitives globalement préservées, nos résultats suggèrent une association potentielle entre la MK et des difficultés attentionnelles ultérieures. Cette première étude en EEG fournit une indication préliminaire d’un pic alpha atténué après la MK, plus particulièrement chez les patients ayant présenté une irritabilité marquée en phase inflammatoire. Des études à plus grande échelle sont nécessaires afin de confirmer les présents résultats et de mieux caractériser la trajectoire développementale des patients.