Les cognitions soutenant la cyberdélinquance sexuelle commise envers les enfants : leur nature, leur mesure et leur rôle
Thèse ou mémoire
2018-04 (octroi du grade: 2019-03-13)
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
PsychologieMots-clés
- cognitions soutenant le crime
- cyberdélinquants sexuels
- théories implicites
- structures cognitives
- crimes sexuels sur l’internet
- mesure psychométrique
- Théorie classique des tests
- Théorie de la réponse à l’item
- offense-supportive cognitions
- online sexual offenders
- implicit theories
- cognitive structures
- internet sexual offending
- psychometric measure
- Classical Test Theory
- Item Response Theory
- Psychology - Behavioral / Psychologie du comportement (UMI : 0384)
Résumé·s
La recherche scientifique ayant porté sur les agresseurs sexuels d’enfants avec contact a mis en lumière l’importance des facteurs cognitifs en lien avec le passage à l’acte délictueux et la récidive sexuelle (p. ex., Helmus, Hanson, Babchishin et Mann, 2013). Les premières recherches portaient sur l’identification des produits cognitifs, aussi nommés distorsions cognitives, des agresseurs sexuels d’enfants, ainsi que sur le développement d’instruments psychométriques pour la mesure des distorsions cognitives (p. ex., l’Échelle de molestation ; Bumby, 1996). Plus récemment, un pan de la recherche a contribué au développement des connaissances sur les structures cognitives (c.-à-d., schémas cognitifs, également nommées théories implicites), lesquelles sont présumées représenter les croyances profondes des délinquants sexuels à propos du monde et de leurs victimes. Ces recherches portent toutefois une attention particulière sur les agresseurs sexuels avec contact, négligeant ainsi d’examiner les individus qui s’engagent dans des délits sexuels en ligne. Les résultats préliminaires des études s’y étant intéressées suggèrent que les cyberdélinquants présenteraient des structures cognitives distinctes de celles agresseurs sexuels avec contact (Bartels et Merdian, 2016), indiquant ainsi la nécessité d’étudier davantage ce construit psychologique auprès de cette population. La présente thèse vise donc à contribuer au développement des cognitions qui soutiennent la cyberdélinquance sexuelle commise envers les enfants.
Cette thèse présente les résultats de trois études distinctes, mais complémentaires, ayant tentées de faire la lumière sur la nature, la mesure et le rôle des cognitions qui soutiennent la cyberdélinquance sexuelle. À partir d’un échantillon de soixante interrogatoires policiers de cyberdélinquants sexuels, une analyse thématique de discours a permis d’identifier huit théories implicites partagées par les consommateurs de matériel d’abus sexuels d’enfants et par les auteurs de leurre d’enfants : 1) les délits sexuels ne causent pas de torts aux enfants ; 2) le monde est incontrôlable ; 3) les enfants sont des êtres sexuels ; 4) le droit d’agir à sa guise ; 5) le monde est dangereux ; 6) les enfants sont des partenaires de vie ; 7) l’univers virtuel n’est pas réel et ; 8) l’internet est incontrôlable. Les résultats issus de cette analyse ont servi de base pour le développement, suivant la Théorie classique des tests et la Théorie de la réponse à l’item, du questionnaire psychométrique intitulé Cognitions sur les crimes sexuels sur l’internet (C-CSI), lequel a été validé auprès d’un échantillon indépendant constitué de 241 délinquants sexuels en ligne et avec contact ainsi qu’auprès de délinquants non sexuels. L’examen de l’échelle a révélé d’excellentes propriétés psychométriques, incluant une vaste gamme d’items représentant un continuum de difficulté à être en faveur des cognitions soutenant la cyberdélinquance sexuelle, en plus d’une bonne capacité à discriminer parmi les sous-groupes de délinquants. La troisième étude visait à examiner l’association de ces cognitions, combinées à la sexualité atypique, l’autorégulation problématique et la perception de l’anonymat, à la cyberdélinquance sexuelle commise envers les enfants. Les résultats révèlent que les cognitions soutenant les comportements sexuels en ligne sont associées à la cyberdélinquance sexuelle, alors que les cognitions soutenant l’agression sexuelle sont associées à la commission de délits sexuels commis avec contact envers les enfants. De plus, les résultats indiquent que les cognitions modèrent la relation entre la préoccupation sexuelle et la cyberdélinquance sexuelle chez les hommes fortement préoccupés par la sexualité.
Les résultats issus de cette thèse ont de nombreuses retombées, tant pour le bénéfice de la recherche scientifique que pour la pratique clinique. D’abord, cette thèse a permis de contribuer à l’avancement des connaissances concernant la nature des cognitions en identifiant les structures cognitives des cyberdélinquants sexuels liées aux délits des consommateurs de matériel d’exploitation sexuelle d’enfants et des auteurs de leurre d’enfants. Ensuite, elle a fourni le premier outil psychométrique spécifiquement validé pour la mesure des cognitions soutenant la cyberdélinquance sexuelle, lequel permettra entre autres, une mesure du changement en contexte thérapeutique. Enfin, une meilleure connaissance cognitions qui supportent la cyberdélinquance sexuelle contribuera à l’élaboration de meilleures cibles de traitement pour les hommes qui s’engagent dans l’exploitation sexuelle des enfants sur l’internet. Scientific research on contact sexual offenders against children has highlighted the importance of cognitive factors in relation to sexual offending and sexual recidivism (e.g., Helmus, Hanson, Babchishin, & Mann, 2013). Early research focused on identifying the cognitive products, also called cognitive distortions, of individuals who sexually offend against children, and developing psychometric instruments for their measure (e.g., the MOLEST scale; Bumby, 1996). More recently, efforts have focused on developing a better understanding of the cognitive structures, (i.e., cognitive schemas also called implicit theories) that appear to represent the offenders’ deep beliefs about the world and their victims. This knowledge, however, was developed for offenders who engage in contact sexual offending and the research on the cognitions of individuals who engage in online sexual offending remains very limited. While preliminary results suggest that online sexual offenders possess offense-supportive cognitive structures that are different from those of contact sexual offenders (Bartels & Merdian, 2016), much work remains to better understand this phenomenon. The overarching goal of this thesis was to improve our understanding of the offense-supportive cognitions of online sexual offenders.
This thesis presents the results of three separate but complementary studies that shed light on the nature, measure and role of cognitions that support online offending. First, from a sample of sixty police interrogations of online sexual offenders, a thematic discourse analysis identified eight implicit theories shared by child sexual exploitation material users and child luring offenders: 1) Nature of Harm; 2) Uncontrollability; 3) Child as Sexual Being; 4) Entitlement; 5) Dangerous World; 6) Child as Partner; 7) Virtual is not Real and; 8) Internet is Uncontrollable. The results of this analysis served as the basis for the development, following Classical Test Theory and Item Response Theory, of the Cognitions on Internet Sexual Offending scale (C-ISO) which was validated with an independent sample of 241 individuals who had been convicted for online sexual, contact sexual, or non-sexual offenses. The analyses revealed that the scale possesses excellent psychometric properties, includes a wide range of items that represent a continuum of difficulty and that successfully discriminate between offenders’ groups. The third study examined the association of these cognitions, combined with atypical sexuality, problematic self-regulation and perceived anonymity, with online sexual offending against children. Results revealed that cognitions supporting online sexual behaviour are specifically associated with the commission of online sexual offending against children, while cognitions supporting the sexual abuse of children are associated with the commission of contact sexual offending. In addition, results indicate that cognitions moderate the relationship between sexual preoccupation online sexual offending behaviors for men highly preoccupied by sexuality.
The results from this doctoral research have several research and clinical implications. First, this thesis contributes to the development of knowledge regarding the nature of cognitions by identifying the cognitive structures of online sexual offenders associated with the consumption of child sexual exploitation material and the luring of children online. Furthermore, it provided the first psychometric tool specifically validated for the measurement of cognitions supporting online sexual offending, which will allow measuring changes in a therapeutic context. Finally, the improved understanding of the cognitions that support online sexual offending will contribute to the elaboration of better clinical targets in the treatment of men who have engaged in the sexual exploitation of children on the internet.
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