La diaspora mauritanienne : entre retour et éloignement depuis les "Événements" de 1989
Thesis or Dissertation
2018-05 (degree granted: 2018-10-18)
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Level
Master'sDiscipline
Études internationalesAbstract(s)
Le sujet de la recherche concerne la Mauritanie, un pays situé sur la côte Atlantique de
l'Afrique, bordé par le Maroc, l'Algérie, le Mali et le Sénégal. Ainsi, une des particularités de ce
pays découle de sa position géographique, la présence de plusieurs groupes ethniques, et la
superposition de cultures de provenance arabo-berbère et d'Afrique subsaharienne. Le
nomadisme qui prévaut a permis l'interaction et le contact facile entre les populations se côtoyant
sur le territoire, créant des liens économiques, culturels, et commerciaux. Ces liens historiques
n'ont pas toujours été garants de paix, mais ont été parfois à la source de conflits et de tensions,
surtout au niveau territorial.
Tel a été le cas en 1989, quand des tensions territoriales et politiques ont culminé et
engendré des conflits sanglants, notamment par l’utilisation de la force militaire pour expulser
des milliers de Mauritaniens noirs vers le Sénégal. Dans ce climat de répression et de malaise,
certains se sont exilés de leur propre chef, cherchant asile dans les pays voisins, en Europe et aux
États-Unis, avec la vocation de retourner quand la situation le permettrait. La diaspora
mauritanienne, même dispersée, est restée attachée à son pays d'origine, et malgré l'instabilité
politique, cherche à s'impliquer à distance sur tous les aspects de la vie locale. Or, les relations
avec les autorités nationales sont complexes, et caractérisées par la méfiance. La diaspora se sent
aliénée, car non seulement son retour n'est pas facilité, mais les efforts de rétention à leur égard
sont minimes.
Plus d'une génération plus tard, de nouveaux besoins et enjeux ont émergé pour les exilés
et les émigrés qui souhaitent retourner en Mauritanie avec leurs familles, ayant acquis de
l'expérience et des ressources à l'étranger. Il s'avère que malgré le temps, la situation est tout
aussi difficile et ambigüe. L'État réglemente de très près l'émission de documents officiels, la
liberté de circulation, la double nationalité, et l'accès au droit de vote, créant des frustrations qui
ont récemment pris de l'envergure. En effet, l’État mauritanien ressent les conséquences de ces
décisions, lorsque les membres de la diaspora s'organisent et font pression de l'extérieur, alors
que le pays est secoué par des manifestations et des revendications de l'intérieur. Il apparait,
ainsi, un renouveau d'animosité et de méfiance envers la diaspora éduquée, politisée et influente;
la stratégie consistant à éloigner ces individus ayant eu l'effet inverse.
Pourquoi les relations de la Mauritanie et de sa diaspora ne se sont-elles pas améliorées
depuis la crise ethnique de 1989? C'est dans l'intérêt des deux parties de maintenir de bonnes
relations, de freiner l'expatriation par une rétention effective des cerveaux, et de garantir le retour
de la diaspora au service du pays. The subject of the present research is Mauritania, a country located on the Atlantic coast
of Africa, bordered by Morocco, Algeria, Mali and Senegal. One of the particularities of this
country derives from its geographical position, the presence of several ethnic groups on its
territory, and the superposition of cultures of Arab-Berber and Sub-saharan African origin. The
prevailing nomadism permitted for easy interactions and contact between the people living in the
country, therefore creating economic, cultural and commercial ties. These historical bonds have
not always been the guarantor of peace, in fact, the different communities have had their fair
share of conflicts and tensions throughout the years.
Such was the case in 1989 when territorial and political tensions culminated in a bloody
conflict, justifying the use of military forces to expel thousands of Black Mauritanians into
Senegal. In such a climate of repression and unease, some Mauritanians have resorted to
emigration and exile, or to seek asylum in neighbouring countries, in Europe and the United
States…with the determination to return in their home country when the context would allow it.
The scattered Mauritanian diaspora are still attached to their home country, and despite the
political instability and the distance, seek to involve themselves in every aspect of Mauritania’s
economy. The relationship with local authorities are complex and characterized by distrust.
Consequently, the diaspora feels alienated, as the return to their home country is not facilitated,
and the retention efforts towards them by the authorities are minimal.
More than a generation later, new issues have emerged for exiled and expatriated
individuals who wish to return to Mauritania with their families, having acquired experience and
resources from abroad. It turns out that after all this time, the context in Mauritania is as difficult
and ambiguous as when they left. The State regulates very closely the issuance of official
documents, freedom of speech and movement, dual citizenship, and the right to vote creating
frustrations among the diaspora that have recently amplified. The entire country feels the
consequences of such decisions, as the members of the diaspora are organized and lobbying from
the outside, while Mauritania is being shaken by demonstrations and the demands of the local
population from within. Thus, there is a revival of animosity and distrust directed towards the
diaspora that are educated, politicized and influential; it appears that the strategy of keeping them
away has had the opposite effect.
Why hasn’t the relationship between Mauritania and its diaspora not improved since the
1989 ethnic crisis? It is in the interest of both parties to maintain good relations, to curb
expatriation by an effective retention of human resources, and to guarantee the return of the
diaspora at the service of their country.
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