Écrire la constitution anglaise : portrait d’une antinomie idéologique

Abstract

A profound dichotomy lies at the heart of this master’s thesis. It is a clash between a heuristic and fertile field of possibilities and a limited, even chained, concrete experience. Rooted in the works of Antonio Gramsci (1891-1937), Karl Mannheim (1893-1947), and Paul Ricoeur (1913-2005), this dissertation examines the influences of Ideology on the discursive and politico-philosophical realms surrounding the English constitution over the past one hundred and fifty years. Departing from a strictly pejorative conception of Ideology, it is an opportunity to witness various conceptions of the constitution overlapping and colliding while defining a discourse universe.

By first recognizing the fertile material provided by the unwritten and customary nature of the English constitution, we chronologically approach the major currents of constitutional thought to highlight a fundamental antinomy between normative conservative approaches and their functionalist critique. Where the field could have flourished, we acknowledge an arc that, closing in on itself, limits the possibility of new discourses. Our research initially addresses the undeniable contribution of Albert Venn Dicey to the study of English constitutionalism. In response to this redefinition of the field of study, we delve into the functionalist approach, referring to William Robson, Ivor Jennings, and J.A.G. Griffith. Building upon this opposition, we examine the more modern responses of T.R.S Allan and Martin Loughlin while acknowledging the exhaustion of discourses.

Thus, this master’s thesis is driven by a dual purpose. On one hand, we define various ideological approaches to the constitution historically and comparatively. On the other hand, we observe how these ideological discourses limit themselves and greatly restrict the discursive universe of constitutionalism.

Une dichotomie profonde est au cœur de ce mémoire. Un choc entre un champ des possibles heuristique et fécond et une expérience concrète limitée, voire enchaînée. Prenant racines dans les travaux d’Antonio Gramsci (1891-1937), Karl Mannheim (1893-1947) et Paul Ricoeur (1913-2005), ce mémoire s’intéresse aux influences de l’Idéologie sur les champs discursifs et politico-philosophiques entourant la constitution anglaise au courant des cent-cinquante dernières années. S’éloignant d’une conception strictement péjorative de l’Idéologie, c’est l’occasion de voir se chevaucher et s’entrechoquer diverses conceptions de la constitution tout en définissant un univers de discours.

En reconnaissant d’abord un matériau fertile étant donné l’aspect non-écrit et coutumier de la constitution anglaise, nous abordons de manière chronologique les grands courants de pensée du constitutionnalisme pour faire ressortir une antinomie fondamentale entre l’approche conservatrice normative et sa critique fonctionnaliste. Là où le champ aurait pu proliférer, nous reconnaissons un arc qui, se refermant sur lui-même, limite la possibilité de nouveaux discours. Notre recherche aborde dans un premier temps, l’apport indéniable d’Albert Venn Dicey à l’étude du constitutionnalisme anglais. En réponse à cette redéfinition du champ d’étude, nous abordons l’approche fonctionnaliste se référant à William Robson, Ivor Jennings et J.A.G. Griffith. Sur la base de cette opposition, nous étudions les réponses plus modernes de T.R.S Allan et Martin Loughlin tout en reconnaissant l’épuisement des discours.

Ce mémoire est donc animé par un double objet. D’une part, nous définissons diverses approches idéologiques de la constitution de manière historique et comparative. De l’autre, nous observons comment ces discours idéologiques se limitent en eux-mêmes et restreignent grandement l’univers discursifs du constitutionnalisme.