Ce temps d’avant le logos : l’infantia dans la pensée de Jean-François Lyotard
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Ce mémoire propose une étude du thème de l’enfance et du concept d’infantia que contient la philosophie de Jean-François Lyotard (1924-1998). Puisque la notion ne se laisse pas réduire au concept tardif d’infantia, ce mémoire mobilise les travaux de Lyotard depuis sa période militante (1954-1966) et ses premières œuvres, où l’enfance se laisse déduire, jusqu’à ses derniers textes, où il la conceptualise explicitement. Suivant la piste de la notion, nous argumentons qu’elle ne représente pas qu’un fil rouge dans sa pensée mais qu’elle fait aussi signe vers l’existence, dans l’œuvre de Lyotard, d’une philosophie de l’enfance et de l’éducation à part entière. Ainsi, nous soutenons qu’au-delà du repère qu’incarne le concept pluriel d’enfance pour les études lyotardiennes, il comporte également des intuitions pertinentes et fécondes pour permettre aux sciences de l’éducation et aux études sur l’enfance (Childhood Studies) de sortir de l’impasse dans laquelle elles se trouvent actuellement. En effet, il nous apparait que la conception de l’enfance que nous propose le texte lyotardien s’offre comme un contrepoint nécessaire à la conception développementale qui est aujourd’hui hégémonique en éducation ainsi qu’en études sur l’enfance, et qu’elle invite à une reconfiguration tout aussi essentielle de la rencontre pédagogique. S’inscrivant en faux contre l’impératif de performativité et le paradigme de l’efficacité qui dominent les sciences de l’éducation, Lyotard nous permet de penser une éducation attentive aux exigences éthiques de la relation pédagogique, affranchie de la logique de la reproduction, et donc génératrice de sens. This thesis addresses the theme of childhood and the concept of infantia in the philosophy of JeanFrançois Lyotard (1924-1988). Since the notion cannot be confined to the late concept of infantia,
this paper draws on Lyotard's work from his activist days (1954-1966) and early works, where
childhood can be inferred, to his later texts, where he explicitly conceptualizes it. Tracking down
the concept, we argue that childhood is not only an underlying thread of his oeuvre, but that it also
heralds the existence of a genuine philosophy of childhood and education in Lyotard's work. Thus,
we argue that beyond the key figure that the plural concept of childhood embodies for Lyotardian
studies, it also offers relevant and fruitful intuitions to enable educational sciences and Childhood
Studies to break out of the deadlock in which they are currently caught. Indeed, Lyotard's concept
of childhood strikes us as a necessary counterpoint to the developmental approach that is currently
hegemonic in education and childhood studies, and as an invitation to an equally essential
reconfiguration of pedagogical encounters. Taking a stand against the imperative of performativity
and the paradigm of effective pedagogy that dominates educational sciences, Lyotard allows us to
contemplate an education that would be attentive to the ethical demands of the pedagogical
relationship, liberated from the logic of reproduction, and therefore generative of meaning.
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