Injustice testimoniale systématique sans préjugé identitaire : rendre compte des effets de la neuronormativité dans les échanges testimoniaux grâce aux préjugés indirectement identitaires

Abstract

Le modèle réductionniste d’épistémologie du témoignage distinguant l’injustice testimoniale de la malchance épistémique proposé par Miranda Fricker permet difficilement de rendre compte d’injustices testimoniales systématiques subies par des locuteur·rice·s autistes (ou dont l’identité sociale est moins visible que le genre et la race). Cet écueil est présenté en revenant sur les grandes lignes du projet de Fricker et à l’aide d’exemples pour insister sur l’intérêt de rendre compte de telles injustices. Une solution est ensuite proposée, en introduisant une nouvelle catégorie de préjugés, les indirectement identitaires. De cette manière, un différent type d’injustices testimoniales vécues notamment par les personnes autistes est intelligible au sein du cadre conceptuel de Fricker. Enfin, est articulée la compatibilité entre le modèle frickerien modifié (pour y inclure les effets des préjugés qui affectent les sujets épistémiques en vertu de leur non-appartenance à une identité sociale prévalente) et la visée normative de la justice épistémique.