Faire art au‐delà de l’image : Levinas entre image et poésie

Abstract

À contre-courant de la tradition phénoménologique à laquelle il appartient, Levinas présente, dans la Réalité et son ombre (1948) et dans De l’existence à l’existant (1947), une phénoménologie de l’art extrêmement critique du phénomène artistique. Déployant une phénoménologie de l’image originale, il y défend une condamnation éthique de l’art consistant à critiquer la déresponsabilisation qu’il suscite chez le sujet contemplateur et créateur. Nous avancerons que ce qui semble être une condamnation éthique de l’art en général est en fait une condamnation éthique de l’image. Un examen d’Autrement qu’être ou au-delà de l’essence (1974) et de Noms Propres (1976) nous permettra en outre de montrer que sa conception de l’art s’est considérablement enrichie à travers le temps, à la faveur d’un déplacement de la notion d’image vers celle de langage pour penser le phénomène artistique. Nous défendrons qu’il est possible grâce à ce déplacement de retrouver dans son œuvre les contours d’une esthétique de l’Altérité. Pour ce faire, nous examinerons son analyse, exemplaire à cet égard, de la poésie de Paul Celan.