Décrire, comprendre et schématiser le processus de l'évaluation du risque suicidaire selon une perspective infirmière auprès des moins de 12 ans en santé mentale
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
La prévention du suicide est une activité importante pour les professionnels de la santé et particulièrement pour les infirmières . Or, le processus d’évaluation du risque suicidaire n’est pas effectué de façon systématique d’un milieu de soins à un autre auprès d’une population adulte. De plus, il y a peu d’information sur ce processus d’évaluation du risque suicidaire auprès des enfants de moins de 12 ans. C’est un sujet difficile à aborder et à comprendre dans une société où l’accent est mis sur grandir en santé. Cette étude vise à décrire, comprendre et schématiser le processus d’évaluation du risque suicidaire auprès des enfants de moins de 12 ans selon une perspective infirmière en santé mentale. Le modèle humaniste des soins infirmiers-UdeM constitue la toile de fond de cette étude compte tenu de sa vision centrée sur la Personne , ses relations interpersonnelles significatives, son expérience de santé ainsi que les significations qu’elle lui accorde. Pour atteindre le but de notre étude, une approche par théorisation ancrée inspirée de Strauss et Corbin (1998) a été retenue. L’échantillon a été obtenu à l’aide d’entrevues semi-structurées avec des infirmières (n=11) provenant de cinq régions administratives différentes au Québec ainsi qu’à l’aide de questionnaires socio-démographiques, d’outil de collecte de données utilisées par les infirmières ainsi que de notes de terrain. Une analyse comparative continue à travers une triple codification a permis de proposer une schématisation spécifique au processus d’évaluation du risque suicidaire auprès des moins de 12 ans en santé mentale. Les principaux résultats indiquent qu’il y a deux phases à ce processus d’évaluation. La première phase est centrée sur comprendre le sens de la détresse chez l’enfant et la deuxième phase consiste à assurer la sécurité de l’enfant et de sa famille. Dans chacune des phases, nous avons remarqué l’importance de la relation interpersonnelle entre l’infirmière, d’un côté, et l’enfant et ses parents, de l’autre. Plus précisément, certaines caractéristiques de l’infirmière (tempérament, croyances et perceptions, expériences antérieures, formation) en relation avec celles de l’enfant et de sa famille (propos ou comportements suicidaires, conception de la mort, dynamique familiale ainsi qu’attitudes, perceptions et croyances des parents) s’inter-influencent de manière à produire des effets positifs ou négatifs sur l’ensemble du processus de cette évaluation. L’environnement, soit l’organisation des soins (fonction occupée par l’infirmière, acuité des soins, ressources humaines disponibles et collaboration interprofessionnelle), affecte également le processus. De plus, le processus d’évaluation du risque suicidaire chez l’enfant implique pour l’infirmière de prendre en compte le développement de l’enfant qu’elle rencontre, que ce soit lorsqu’elle tente de comprendre le sens de sa détresse ou lorsqu’elle cherche à assurer sa sécurité. Ainsi, l’infirmière doit être vigilante afin de maintenir une posture d’empathie et non se laisser envahir par les émotions qu’une telle évaluation peut engendrer. Cette étude permet d’approfondir la compréhension du processus d’évaluation du risque suicidaire auprès des moins de 12 ans afin d’aider les professionnels de la santé travaillant en prévention du suicide auprès des jeunes à comprendre ce qui est vécu pour mieux intervenir. Suicide prevention is an important aspect of the work of any healthcare professional, especially for nurses working in mental healthcare settings. However, suicide risk assessment is not conducted systematically, varying from one setting to another. Furthermore, there is no information to our knowledge on this type of risk assessment process with children under 12 years old. This topic is particularly difficult to explore and to understand in a society where children are expected to grow to be healthy and happy. The aim of this study is to describe, understand and schematize nurses’ suicide risk assessment process with children under12 in a mental health setting. The background of this study is the humanistic model in nursing – UdeM. Centered on the Person, this model takes into account their significant interpersonal relationships, their subjective experience of care and its meaning. Strauss et Corbin’s (1998) approach in grounded theory was used to conduct this study. Using theoretical sampling, data was obtained through 11 semi-structed interviews with nurses working in five different administrative regions in the province of Quebec, nurses’ documents, socio-demographic questionnaires, and field notes. A constant comparative analysis of the data across triple coding allowed a better understanding and a schematization of the nurses’ suicide risk assessment process with children. The process includes two main phases relating to nurses’ actions. These two phases are: (1) Understanding the meaning of the child’s distress, and (2) Ensuring the child and their family’s safety. The different elements involved in each phase are not exclusive to one phase or the other. In fact, characteristics of nurses (temperament, beliefs and perceptions, past experiences) interact with those of the child and his or her family (suicidal ideations or behaviors, level of understanding of the concept of death, mental health state, family dynamics and attitudes, parents’ perceptions and beliefs ). This interaction can produce both positive and negative impacts. The environment (health and services organization) where this interaction occurs can also impact on the whole assessment process. Our findings reveal that for both phases of the assessment process with children, nurses have to take in account the developmental aspect of the child and must be careful to maintain their empathic posture, so they are not overwhelmed by emotions. Doing so will help lessen the level of emotional intensity for the nurse during the whole process. A better understanding of this process can help nurses and other professionals improve their interventions with children presenting a suicidal risk as well as their parents and in the long term, contribute to suicide prevention.
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