Expliquer les écarts de santé mentale entre les hommes et les femmes en emploi : l’effet du genre
Thesis or Dissertation
2017-09 (degree granted: 2018-05-10)
Level
DoctoralDiscipline
SociologieKeywords
- Inégalités de santé mentale
- Détresse psychologique
- Genre
- Inégalités hommes/femmes
- Employés
- Travail
- Famille
- Conflit travail-famille
- Déterminants de santé mentale
- Analyse de cheminement en multiniveaux
- Mental health inequalities
- Psychological distress
- Gender
- Inequalities between women and men
- Workers
- Work
- Family
- Work-family conflict
- Mental health determinants
- Multilevel path analysis
- Sociology - Industrial and Labor Relations / Sociologie - Travail et relations industrielles (UMI : 0629)
Abstract(s)
Cette thèse doctorale a pour objectif d’expliquer les écarts de détresse psychologique entre les
femmes et les hommes en emploi. En nous inspirant de la théorie du «Stress Process» de Pearlin,
du modèle demande-contrôle-soutien de Karasek, du modèle effort-récompense de Siegrist, de la
théorie des déterminants multiniveaux de la santé mentale au travail de Marchand et de
l’approche relationnelle du genre, nous proposons de vérifier trois hypothèses. D’abord,
l’hypothèse d’exposition postule que les femmes ont davantage de détresse psychologique, car
elles ne sont pas exposées aux mêmes stresseurs et n’ont pas accès aux mêmes ressources que les
hommes. L’hypothèse de vulnérabilité suggère que les femmes et les hommes ne seront pas
affectés par les mêmes stresseurs. Enfin, l’hypothèse d’expression suggère qu’un même stresseur
est susceptible d’occasionner des réponses distinctes pour les hommes et les femmes, les femmes
ayant davantage tendance à exprimer leur souffrance émotionnelle par de la détresse
psychologique et les hommes par une consommation d’alcool à risque. Nous explorons ces
hypothèses en proposant un modèle (1) intégrant un ensemble de stresseurs du travail, de la
famille, du conflit travail-famille et des ressources psychosociales susceptibles d’intervenir dans
ces mécanismes et (2) à travers lequel le conflit travail-famille est aussi un médiateur entre les
stresseurs ainsi que les ressources psychosociales et la santé mentale.
Ces hypothèses ont été testées par une analyse de cheminement en multiniveaux à partir
de l’échantillon SALVEO comprenant 2026 travailleurs canadiens répartis dans 63
établissements ayant été interrogés entre 2009 et 2012. Les résultats spécifiques à chaque
hypothèse sont présentés sous forme d’articles scientifiques en vue de publication.
Les résultats des analyses soutiennent empiriquement les trois mécanismes par lesquelles le genre
intervient dans l’inégalité de détresse psychologique entre les femmes et les hommes en emploi.
ii
Alors que l’hypothèse d’exposition s’avère le mécanisme central participant à cette inégalité, la
contribution des hypothèses de vulnérabilité et d’expression est plus marginale. Il ressort que
chaque mécanisme fait intervenir des stresseurs et des ressources psychosociales genrés
spécifiques. De plus, l'effet médiateur du conflit travail-famille est observé pour les trois
hypothèses.
Conjointement, ces résultats appellent à une prise en compte systématique de ces trois
mécanismes pour mieux cerner les processus responsables des écarts de détresse psychologique
dans une population en emploi. Ils soulignent également l’importance de considérer les deux
directions du conflit travail-famille et les ressources psychosociales. This doctoral thesis aims to explain the psychological distress gap between working men and
women. Drawing on Pearlin’s “Stress Process” theory, Karasek’s demands-control-support
model, Siegrist’s effort-reward model, Marchand’s theory on the multilevel determinants of
workers’ mental health, and the gender-relational approach, the thesis verifies three hypotheses.
The first is the exposure hypothesis, which posits that women exhibit greater psychological
distress because they are not exposed to the same stressors and do not have access to the same
resources as men. The second is the vulnerability hypothesis, according to which women and
men are not affected by the same stressors. The third is the expression hypothesis, which suggests
that a given stressor may prompt distinct responses in women and in men, with women tending
more strongly to express their emotional suffering through psychological distress and men being
more inclined to at-risk alcohol use. These hypotheses will be explored using a model that (1)
incorporates a series of stressors relating to work, family life, and work-family conflict, as well as
psychosocial resources that may play a role in these mechanisms, and (2) views work-family
conflict as a mediator between stressors, psychosocial resources and mental health.
These hypotheses were tested via a multilevel path analysis based on the SALVEO
sample of 2026 Canadian workers from 63 workplaces who were interviewed between 2009 and
2012. The results for each hypothesis are presented in the form of scientific articles intended for
publication.
The analytical results empirically support the three mechanisms by which gender influences the
psychological distress difference found between employed women and men. The exposure
hypothesis emerges as the key mechanism involved in this inequality, whereas the vulnerability
and expression hypotheses play a more marginal role. As the analyses show, each mechanism
iv
brings into play specific gendered stressors and psychosocial resources. Moreover, the mediating
effect of work-family conflict is observed for all three hypotheses.
These results call for a systematic consideration of all three mechanisms in order to better
identify the processes leading to the psychological distress gap across a given population of
workers. They further underscore the importance of taking into account both directions of workfamily
conflict as well as psychosocial resources.
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