Négocier la domination autoritaire au Soudan : développement participatif et dynamiques de pouvoir dans la province du Nord Kordofan
Thèse ou mémoire
2017-08 (octroi du grade: 2018-03-21)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
Science politiqueMots-clés
- Autoritarisme
- Résilience
- Développement participatif
- Autorités locales
- Soudan
- Nord Kordofan
- Authoritarianism
- Resilience
- Participatory development
- Local authorities
- Sudan
- North Kordofan
- Political Science - International Law and Relations / Science politique - Droit et relations internationales (UMI : 0616)
Résumé·s
En 1989, un coup d’État mené par une coalition d’islamistes et d’officiers militaires instaure un nouveau régime autoritaire au Soudan. Les théories existantes de la résilience de l’autoritarisme peinent à expliquer pourquoi ce régime, caractérisé par son instabilité interne, est encore en place vingt-huit ans plus tard. Son utilisation d’un haut degré de violence et ses échecs répétés en matière de développement représentent, en particulier, des énigmes pour ces théories. En analysant la mise en oeuvre d’une politique de développement participatif dans la province du Nord Kordofan, la thèse démontre que le développement peut entretenir l’autoritarisme non pas par ses résultats, mais à travers ses discours et sa mise en oeuvre en
pratique. Lancée en 2013, la Renaissance du Nord Kordofan s’appuie sur des dispositifs participatifs qui permettent aux autorités locales d’étendre leur pouvoir sur la population, tout en s’inscrivant dans un discours dépolitisant qui donne au programme les apparences du consensus. Ce discours dissimule les processus de musèlement des voix dissidentes ainsi que les luttes d’intérêts qui se jouent au sein des différents projets. Il permet en particulier d’écarter la responsabilité de l’État central dans la situation économique de la province, alors même qu’il est un acteur à part entière de la Renaissance. En effet, la participation de la population est utilisée par les autorités locales pour pousser le gouvernement fédéral à contribuer financièrement à l’initiative. Ce faisant, une relation gagnant/gagnant se met en place, la participation constituant également une politique de pacification de la population à moindre coût. La thèse démontre donc que cette politique de développement locale contribue à entretenir le régime et attire l’attention sur la multi-dimensionalité du pouvoir autoritaire, qui n’est ni
exercé ni vécu de la même façon dans partout dans le pays. In 1989, a coup launched by a coalition of Islamists and military officers implemented a new authoritarian regime in Sudan. Existing theories of authoritarian resilience are unable to fully explain why this regime, which is characterized by its internal instability, has endured for twenty-eight years. The pervasiveness of repression and the repeated failures of the regime in terms of development are especially puzzling. By analyzing the implementation of a policy of participatory development in the province of North Kordofan, the dissertation demonstrates that development does not contribute to authoritarian resilience only when it bears results, but also through its discourses and practices. Launched in 2013, the Renaissance of North Kordofan is based on participatory devices that enable local authorities to extend their power upon the population, while using simultaneously a depoliticizing discourse that portrays the initiative as consensual. This discourse conceals how dissenting voices are silenced and how various vested interests are at play within the projects. It especially makes it possible to avoid talking about the central government’s responsibility in the current economic situation of North Kordofan, even though the government is indeed taking part in the Renaissance. Popular participation is channeled by local authorities to push the central state to fund the initiative. Through this mechanism, a win/win relationship between the two governance levels is implemented, since participation is also a pacification strategy, mitigating the potential threat of popular insatisfaction. The dissertation thus demonstrate that this local development policy contributes to entrench the authoritarian regime. In doing so, it brings new insights about the multidimensional aspect of authoritarian power, which is not exercised nor experienced the same way in all the areas that are subjected to it.
Note·s
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