Abstract(s)
Le sud-ouest de la France fut occupé de façon continue par Néandertal des stades isotopiques 6 à 3 inclusivement. Cinquante-quatre niveaux d’occupation répartis sur 20 sites archéologiques de cette région ont été étudiés dans le but d’établir une relation entre les fluctuations climatiques du Pléistocène récent et la mobilité des groupes néandertaliens telle qu’elle s’exprime par leurs choix technologiques et cynégétiques. Les données climatiques furent établies à partir d’informations provenant de carottes glaciaires, terrestres et marines. Les données technologiques furent dérivées de la description faite par Delagnes et Rendu (2011) des caractéristiques intrinsèques propres à la mobilité associées aux 4 principaux techno-complexes retrouvés dans cet espace géographique (Levallois, Quina, Moustérien de Tradition Acheuléenne (MTA) et Discoïde Denticulé). Les données cynégétiques furent basées sur le pourcentage relatif des taxons ainsi que sur l’éthologie des cinq principaux taxons chassés par Néandertal au cours de cette période : le renne, le bison, le cerf élaphe, le cheval et le chevreuil. Ces trois types de données furent convertis en coefficients afin de quantifier la nature de leurs interrelations à l’aide de représentations graphiques en deux et trois dimensions, d’analyses de régressions simples et multiples ainsi que par l’étude d’agglomérats (clusters). Nos résultats confortent l’hypothèse de Delagnes et Rendu (2011) et démontrent que les débitages Quina et Discoïde Denticulé, présentant le plus fort potentiel de mobilité, sont associés aux espèces les plus mobiles; que le débitage Levallois, identifié comme présentant le plus faible potentiel de mobilité, est associé aux faunes moins mobiles; et que le biface du MTA apparaît comme une production lithique aux qualités de mobilité hybrides qui est associée à une faune variée. Les résultats tendent également à démontrer des activités qui impliquent une plus grande mobilité pour des conditions climatiques plus précaires et des activités qui impliquent une mobilité plus restreinte pour des conditions climatiques tempérées sauf dans le cas de chasses spécialisées. Le meilleur prédicteur pour le choix technologique associé à la mobilité se présente comme le partage du savoir issu de la multiplication des connaissances en tailles lithiques acquises au fil du temps et donc, la culture. Le climat y aurait joué un rôle somme toute secondaire.
South-Western France was occupied by Neanderthal on a continuous basis from Marine Isotope Stages 6 to 3 inclusively. Fifty four levels of occupation from 20 archaeological sites located in this region were studied in order to identify the relationship between Pleistocene climate variations and the mobility of Neanderthal groups as measured by their technological behavior and choice in hunting strategy. Climate data were obtained from glacial, terrestrial and marine cores. Technological data were derived from the description provided by Delagnes and Rendu (2011) of the intrinsic mobility characteristics associated with the 4 techno-complexes found in the target region (Levallois, Quina, Mousterian of Acheulean Tradition (MAT) and Discoïd Denticulate). The faunal data were based on the relative representation of the identified species and the ethology of the five main species hunted by Neanderthal namely: reindeer, bison, red deer, horse and roe deer. These three types of data were converted into coefficients in order to quantify the nature of their inter-relationships through two- and three-dimensional displays, simple and multiple regression analyses and cluster analyses. Our results reinforce the hypothesis advanced by Delagnes and Rendu (2011) and show that Quina and Discoïd Denticulate flaking production systems, with their high mobility potential, were associated with mobile prey; that Levallois flaking, with its low mobility potential, was associated with low mobility prey; and that the MAT biface was a hybrid flaking system in terms of mobility associated with a variety of prey species. Results also tend to demonstrate that a greater mobility was mostly associated with more rigorous climatic conditions while a more limited mobility was mostly associated with more temperate conditions with the exception of specialized hunting. The best predictor of technological choices turned out to be knowledge sharing and the cumulative technical flaking skills developed through time: i.e. culture. Climate appears to have played a secondary role.