Une sociologie du nationalisme vécu en Flandre
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
nationalisme vécu, Flandre, Belgique, mémoire familiale,
appartenance nationale, nation Contrairement à la plupart des études portant sur la nation et les divers phénomènes s’y rattachant, ce mémoire ne porte pas sur l’émergence de cette forme de représentation communautaire ou sur les effets du nationalisme sur nos institutions politiques. Il a plutôt pour objet le sens vécu, les sentiments d’appartenance nationaux et la façon dont ils peuvent être exprimés et expérimentés. En se penchant sur la façon dont les individus vivent et présentent leur affiliation nationale, cette recherche s’est donnée pour but de comprendre la manière dont les citoyens d’une communauté se représentent et se construisent en tant que sujets nationaux.
En explorant la mémoire familiale des informateurs et informatrices à l’aide d’entretiens semi-dirigés, il a été possible d’observer et de comprendre le nationalisme vécu en Flandre. Cette forme de nationalisme n’est pas nécessairement revendicatrice ni même immédiatement perceptible, puisque partie intégrante de la vie des individus et de leur identité. L’étude de ce nationalisme vise à identifier et à comprendre la manière dont les citoyens de la communauté flamande donnent un sens aux soi-disant éléments nationaux intégrés à leur quotidien. Il permet, de plus, d’entrevoir en quoi l’imaginaire national consiste dans le vécu d’une population spécifique et comment il peut être projeté par les porteurs de cette identité.
En étudiant l’appartenance nationale dans cette perspective, il a été possible de dresser un portrait des représentations de la nation d’une façon qui a été jusqu’à maintenant peu explorée. C’est ainsi qu’une forme de socialisation à la nation des plus inusitée a été mise à jour en Flandre : une socialisation à un discours de victimisation et d’oppression. C’est en effet en s’inscrivant délibérément dans une lignée où ils sont les descendants d’un peuple dominé et méprisé que les Flamands et les Flamandes arrivent à s’expliquer les qualités et les spécificités qu’ils identifient comme proprement flamandes, mais surtout de s’identifier comme étant aujourd’hui les « meilleures Belges ». This master thesis, in contrast to most studies concerning the nation and its various phenomena, does not focus on the emergence of a form of community or the effects of nationalism on our political institutions. It rather studies the experienced meanings, the feelings of national belonging and how they can be expressed and experienced. By focusing on how people live and talk about their national affiliation, the aim of this research is to understand how citizens of a given community represent their national belonging and build themselves as national subjects.
Using semi-structured interviews and exploring family memory, it has been possible to observe and understand everyday nationalism in Flanders. This form of nationalism is not necessarily strongly asserted or even noticeable; it is integrated in the lives of individuals. Studying this specific form of nationalism allows the researcher to identify and explain how people make sense of those so-called national elements integrated into everyday life. It also gives a glimpse of what the national imagination is in the experienced meanings of a specific population and how it can be projected by the holders of this identity.
By studying this aspect of national belonging, it has been possible to sketch out a portrait of representations of the nation in a way that has been so far little explored. Hence, a most unusual form of socialization to a national community has been identified in Flanders: socialization to a discourse of victimisation and oppression. By deliberately considering themselves as part of a line whose ascendants were dominated and despised, the Flemishs make sense of the genuine qualities and specificities that they identified as properly Flemish, but most of all, it allows them to refer themselves as the “best Belgians”.
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