Généalogie des résistances cinématographiques : le cas de trois machines autopoïétiques (Eisenstein, Syberberg, Welles)
Thesis or Dissertation
2010-08 (degree granted: 2010-12-02)
Author(s)
Advisor(s)
Level
DoctoralDiscipline
Littérature (Littérature et cinéma)Abstract(s)
Notre thèse s’attache à définir certains rapports possibles entre le cinéma et le politique ou, plus précisément, entre le cinéma et le concept pratique de résistance. Il existe une théorie de la résistance, soit sous la forme d’une cartographie du pouvoir moléculaire (M. Foucault), soit sous la forme d’une analytique de la résistance (F. Proust). Il existe également une théorie de la résistance cinématographique, soit comme sociologie ou histoire de l’action politique par le cinéma (cinéma de la Résistance, cinéma militant), soit comme une sémiotique des formes et des genres marginaux (cinéma expérimental, cinéma des avant-gardes). Suivant une direction tracée par Serge Daney et Gilles Deleuze, nous croyons qu’il faut poser autrement le problème : si « le politique est affaire de perception », alors la résistance est d’abord une invention de visibilité et d’audibilité. En ce sens, la résistance cinématographique est une exploration de ce que peut le cinéma, tant d’un point de vue esthétique, éthique, que politique.
D’où notre hypothèse, qui est double : d’une part, cette invention de visibilité, cette création de potentiel n’est peut-être possible qu’en passant par un ré-enchaînement anachronique d’une déformation plastique, narrative et audiovisuelle à une autre, c’est-à-dire d’une survivance à une autre. D’autre part, nous croyons qu’une forme esthétique est en soi matière politique et manière de politique, et qu’elle implique également une éthique venant brasser notre propre subjectivité (de cinéaste, de spectateur, de citoyen, etc.). Or, pour saisir cette invention de visibilité inhérente au cinéma, il faut en passer par une généalogie de certaines alliances théoriques et pratiques parmi les plus importantes. Le cas de trois machines autopoïétiques nous intéressera tout particulièrement, trois constellations d’œuvres et de pensées qui débordent le nom propre des « Auteurs » convoqués : Eisenstein et les résistances méthodologiques ; Syberberg et les résistances plastiques ou audiovisuelles (à travers la seule figure du hors-champ) ; Welles et les résistances esth/éthico-politiques. Ainsi, une telle chaîne généalogique nous permettra de mieux mesurer l’efficace de ces résistances, mais sans désir de systématisation ni constitution d’une Théorie de la résistance cinématographique. Our thesis focuses on defining potential relationships between cinema and politics or, more precisely, between cinema and resistance, in its practical aspect. There exists a theory of resistance, either as the mapping of molecular power (M. Foucault), or as resistance analytics (F. Proust). There also exists a theory of cinematographic resistance, either as a sociological or historical analysis of political activism through cinema (cinema of the “Résistance”, militant cinema), or as a semiotic analysis of marginal forms and genres (experimental cinema, avant-garde cinema). Following a tradition instigated by Serge Daney and Gilles Deleuze, we believe that we need to reformulate the issue: if “politics are a matter of perception”, then resistance is first and foremost an invention of visibility and audibility. In that sense, cinematographic resistance is an exploration of what cinema can, from an aesthetical, ethical and political point of view.
Hence our double-sided assumption: on the one hand, this invention of visibility, this creation of potential, can only be possible through an anachronistic recombination of a plastic, narrative and audiovisual distortion into another, that is from one survivance to another. On the other hand, we believe that an aesthetic form is, in itself, both political matter and political manner, and also involves ethics that challenge our individual subjectivity (as a filmmaker, as a spectator, as a citizen, etc.). That said, to capture this invention of visibility inherent to cinema, we have to go through the genealogy of certain of the most important theoretical alliances. We will therefore focus on three particular autopoeitic machines, three constellations of works and thoughts that extend further than the proper names of the “authors” evoked: Eisenstein and methodological resistance; Syberberg and plastic or audiovisual resistances (simply through the off screen figure); Welles and aesth/ethico-political resistances. This genealogic sequence will allow us to better measure the efficiency of these resistances, but without the desire to systemize or build a cinematographic resistance theory.
Note(s)
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