L'impact de l'abus sexuel et physique sur l'image corporelle des enfants âgés de six à neuf ans

Abstract

Certains enfants sont victimes d'abus sexuel, de négligence ou d'abus physique chaque année au Québec. Ces trois entités sont souvent impossibles à dissocier puisqu'elles sont présentes simultanément dans les cas les plus susceptibles d'être rapportés. Bien que l'incidence de l'abus sexuel soit difficile à préciser, il n'en demeure pas moins qu'il existe des enfants isolés dans leur silence. Le nombre croissant de cas d'abus référés en clinique soulève un certain nombre de questions. Entre autres, quel est l'impact de l'abus sexuel sur le développement de l'enfant ? Risque-t-il de provoquer une fragmentation de l'image corporelle ?

Cette recherche de type exploratoire tente d'élargir le champ actuel des connaissances et de documenter la relation qui pourrait exister entre l'abus sexuel et physique, et l'image corporelle des enfants. Dans un premier temps, un ensemble de variables à recueillir et un choix d'instruments de mesure ont été définis en regard de la question étudiée et de la littérature actuelle. Par la suite, l'échantillon a été constitué à partir d'un groupe d'enfants abusés sexuellement dont le contexte d'abus fut dévoilé aux autorités socio-judiciaires et répondait aux critères de sélection de l'étude.

L'échantillon final a été constitué de treize sujets : sept enfants abusés sexuellement et six enfants non-abusés. Les évaluations choisies ont été administrées par l'auteure, ergothérapeute, et une psychométricienne dans les locaux d'un hôpital psychiatrique. L'analyse des résultats a été faite à partir de tests statistiques non-paramétriques.

Les résultats de cette étude suggèrent que l'abus sexuel ne semble pas avoir un impact précis sur l'image corporelle des enfants abusés sexuellement tel que mesuré par le dessin. Par contre, certaines difficultés rencontrées par les enfants abusés sexuellement au niveau de la coordination oculo-motrice, de la perception auditive, de la diadococinésie et de certains comportements particuliers, semblent indiquer de nouvelles avenues de recherche, reflétant possiblement des indices d'une distorsion réelle de leur image corporelle. De plus, le dessin s'est avéré un outil peu efficace pour mesurer les distorsions de l'image corporelle. Aussi, le petit échantillon utilisé dans cette étude restreint le potentiel de généralisation des conclusions qui sont présentées.