Le care a ses raisons que la raison ignore : l’attention chez Adorno et dans les éthiques du care
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Ce mémoire vise à explorer le thème de l’attention au sein de deux corpus théoriques : la philosophie de T.W. Adorno et les éthiques du care. L’attention est ici à comprendre comme une notion à la fois épistémique et morale, comme le moment de connaissance de l’autre et de ses besoins, qui vise et permet une réponse adéquate. Dans un premier temps, nous explorons le concept chez trois penseuses : Simone Weil, dont la notion d’attention a été influente dans les théories du care, qui s’y réfèrent fréquemment, puis Nel Noddings et Joan Tronto, deux éthiciennes du care. Malgré leurs différences, nous défendons que ces trois conceptions se rejoignent sur deux points : 1. l’attention y est considérée comme une disposition morale importante et 2. elle se caractérise par une attitude subjective de détournement de soi, de réceptivité et d’ouverture. Dans un second temps, nous retraçons les thèmes de la pensée d’Adorno à même d’esquisser ce en quoi consiste une attention juste aux besoins d’autrui. Plus précisément, nous abordons ses considérations sur les rapports de connaissance entre sujet et objet, et nous offrons une lecture de ses thèses sur le besoin. Par-là, nous entendons défendre que la philosophie adornienne offre des nuances intéressantes à la manière dont le thème de l’attention est théorisé dans le corpus du care : elle invite à une réflexion critique du sujet attentif sur lui-même, et à une compréhension du besoin comme pointant vers les relations sociales qui le produisent. Ainsi, elle approfondi le potentiel critique d’une théorie de l’attention. This master’s thesis explores the theme of attentiveness within two theoretical corpuses: the philosophy of T.W. Adorno and the ethics of care. Attentiveness is to be understood here as both an epistemic and a moral notion, as the moment of knowledge of another and of his or her needs, which aims and allows for an adequate response. First, I explore the concept in three thinkers: Simone Weil, whose notion of attentiveness has been influential in care theories, which frequently refer to it, and then Nel Noddings and Joan Tronto, two care ethicists. Despite their differences, I argue that these three conceptions converge in two respects: 1. attentiveness is regarded as an important moral disposition; and 2. it is characterized by a move away from the self, a subjective attitude of receptivity and openness. Secondly, I retrace themes in Adorno's thought which may be relevant in outlining what constitutes a just attentiveness to the needs of others. More specifically, I address his considerations on the relation of knowledge between subject and object, and offer a reading of his theses on need. By so doing, I intend to argue that Adorno’s philosophy offers interesting nuances to the way in which the theme of attentiveness is theorized in the corpus of care: it invites to a critical reflection of the attentive subject on itself, and to an understanding of needs as pointing towards the social relations producing it. In this way, it deepens the critical potential of a theory of attentiveness.
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