« C’est une partie de mon travail avec laquelle j’ai beaucoup de difficultés » : une contre-histoire sur la collaboration entre intervenant.e.s de première ligne en itinérance et policier.ère.s lors de la COVID-19
Thèse ou mémoire
2022-08 (octroi du grade: 2023-02-22)
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Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
CriminologieRésumé·s
Les personnes en situation d’itinérance (PSI) font face à plusieurs défis pour (sur)vivre dans l’espace public dont la judiciarisation, la criminalisation (Bellot et Sylvestre, 2017), les demandes de déplacements et la saisie de matériels (Herring, 2019) qui se manifestent aussi dans les espaces de soins (Dej, 2020). D’ailleurs, les intervenant.e.s de première ligne en itinérance opèrent avec des tensions complexes dans le cadre de leur travail, iels doivent assurer le bien-être de leurs usager.ère.s et répondre à des tâches de contrôle, en négociant leur mandat avec d’autres organisations telles que la police (Stuart, 2016). Les crises ont pour effet d’exacerber la discrétion individuelle des travailleur.euse.s en première ligne, soutenant les collaborations, mais aussi les résistances dans la rue (Brodkin, 2021). Au Québec, la gestion de la COVID-19 a été qualifiée de « punitive » (Fortin et al., 2022), visant démesurément les quartiers pauvres et racisés (Luscombe et McClelland, 2020a). Bien que le profilage social est largement documenté à Montréal, jusqu’à maintenant peu de connaissances ont été produites quant aux conséquences des crises sur les organisations participant à la gouvernance de l’itinérance. Les travailleur.euse.s de première ligne ont largement été mobilisé.e.s, toutefois, peu de recherches se sont penchées sur leurs rôles (Alcadipani et al., 2020). Suite à 42 entretiens réalisés avec des intervenant.e.s de première ligne en itinérance, j’ai utilisé la méthodologie de contre-histoire pour confronter une narrative-maître de collaboration. Les entretiens suggèrent que les intervenant.e.s ont plutôt chercher à limiter les interactions avec la police alors que différentes crises convergent et vulnérabilisent leurs usager.ères. Iels ont mis en place différentes stratégies pour limiter ces interactions et assurer le bien-être des PSI. Autant lorsqu’iels limitent les interactions que lorsqu’iels en viennent à collaborer avec la police, les intervenant.e.s font face à des dilemmes plus complexes qui engendrent des conséquences amplifiées sur leurs usager.ère.s. Ces résultats permettent de discuter des conséquences de la crise sur leurs pratiques d’intervention et du contexte dans lequel opère cette gouvernance de l’itinérance. People experiencing homelessness (PEH) face many challenges including judicialization, criminalization (Bellot & Sylvestre, 2017), banishment and seizures (Herring, 2019) while they survive in the streets. Studies show they also experience this punitive governance in spaces of care (Dej, 2020). Frontline workers (FW) have to work with complex tensions in the context of their work, they have to insure wellbeing of PEH, while also negotiating tasks of control alongside police public forces (Stuart, 2016). Scholars that study disasters and crisis help us appreciate how such exceptional times can exacerbate discretion bringing both collaboration but also resistance in the streets (Brodkin, 2021). In Quebec, the resolution of the pandemic has been qualified as ’’punitive’’ (Fortin et al., 2022) while some scholars found disproportionate patterns of control in poor and racialized neighbourhoods (Luscombe & McClelland, 2020a). The social profiling and punitive control of PEH has been widely documented and studied in Montreal, yet little is known about the impacts of the COVID-19 pandemic on key issues that matter to practitioners who have been widely mobilized (Alcadipani et al., 2020). Following 42 interviews realized with frontline workers in the homelessness sector, I used a counter-story methodology to challenge the master narrative of collaboration. Results suggest that FW rather limited their interactions with police officers in many amplified situations of overlapping crisis that marginalized their clients, bringing strategies to insure PEH wellbeing without relying on police interactions. Both, when they rely on or avoid police support, they faced more complex dilemmas that have amplified consequences for their clients. Finally, I discuss the impacts of the COVID-19 crisis on their practices considering the context in which takes place homelessness governance.
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