Dialectique, science et induction : la recherche aristotélicienne de la vérité
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
L’intérêt que porte ce mémoire à la méthodologie de la recherche aristotélicienne de la vérité le confine à un examen précis des étapes préliminaires de cette recherche, dans l’objectif de surmonter une conception trop simplifiée de l’opposition entre la science et l’opinion chez Aristote. S’ancrant dans une présentation des fonctions de la dialectique, telles que décrites par le philosophe dans les Topiques, cette enquête entend fournir une comparaison étroite entre les méthodes dialectique et apodictique. Plus précisément, elle est le lieu d’une déconstruction des préjugés qui sous-tendent une lecture traditionnelle des Seconds analytiques, selon laquelle (1) la méthode apodictique doit guider la recherche scientifique et (2) l’épistémologie d’Aristote est radicalement fondationnaliste. La lecture, alternative, de ce traité que propose ce mémoire lui permet d’assouplir les conditions imposées par Aristote aux prémisses du syllogisme apodictique, de manière à exploiter les nuances qui s’inscrivent dans la distinction qu’il opère entre le mieux connu par nature et le mieux connu pour nous. Ce faisant, la frontière entre la dialectique, qui part des idées accréditées, et l’apodictique, qui part de prémisses vraies, se révèle moins franche et la notion d’epistēmē, moins « scientifique » au sens moderne du terme. Enfin, cette lecture alternative des Seconds analytiques est mise à contribution pour l’examen de l’hypothèse, inspirée d’un essai d’Owen (1961), selon laquelle le chapitre II, 19 de ce traité fournirait les pistes de réflexion permettant d’élucider, en même temps que le rôle de l’induction, celui de la dialectique dans le cheminement vers les premiers principes. The attention this master’s thesis gives to the aristotelian method towards truth confines it to a precise examination of the preliminary steps of this method, in order to distance itself from an over-simplified opposition between science and opinion in Aristotle. Starting from a presentation of the functions of dialectic, as described by the philosopher in the Topics, this inquiry intends to provide a close comparison between the methods of dialectic and demonstration. More precisely, it aims to deconstruct the presuppositions underlining a traditional reading of the Posterior analytics, according to which (1) demonstrative method should provide a guide for scientific research and (2) Aristotle’s epistemology is radically foundationalist. The alternative reading this study suggests to adopt allows it to ease the conditions imposed by Aristotle on the premises of apodictic syllogism, as ways to exploit the distinction he makes between what is better known by nature and what is better known for us. In doing so, the frontier between dialectic, which starts from accredited ideas, and demonstration, which starts from true premises, appears to be less opaque and the concept of epistēmē, less “scientific” in the modern sense. Finally, this alternative reading of the Posterior analytics is put to contribution in examining the hypothesis, inspired by an essay from Owen (1961), regarding the possibility for the last chapter (II, 19) of this treatise to help us elucidate, both at the same time, the role of induction and that of dialectic in the path towards truth.
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