Comment le projet de laïcité de l'État québécois est défavorable aux femmes : l'urgence de briser une évidence
Thesis or Dissertation
2019-07 (degree granted: 2020-12-16)
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Level
DoctoralDiscipline
Sciences des religionsAbstract(s)
Devant le constat de la persistance du patriarcat au sein du groupe religieux majoritaire québécois, soit le catholicisme, cette thèse défend une idée contrintuitive : l’affirmation que la laïcité de l’État québécois est préjudiciable pour les femmes. Les analyses féministes du libéralisme politique et la généalogie de celui-ci faite par Michel Foucault font voir que la laïcité s’est développée dans le déni de la citoyenneté des femmes croyantes. La séparation religion/État et la neutralité ont donné naissance à une zone de non-droit pour les croyantes. L’organisation de la démocratie libérale, inspirée par John Rawls en Occident, a défendu la notion de liberté religieuse. Analysée d’un point de mire féministe postcolonial, la liberté religieuse protège le privilège des hommes d’exercer leur domination dans les groupes religieux. Pour les femmes, cette liberté se résume en la possibilité de quitter le groupe. Elle nie l’agentivité des femmes croyantes et présuppose que vivre une appartenance religieuse équivaut à renoncer au droit à l’égalité. Il semble naturel que les femmes croyantes s’abstiennent d’utiliser les outils juridiques qui, dans d’autres domaines, ont permis l’avancement des droits des femmes. De plus, les débats actuels sur la laïcité qui portent sur l’aménagement de la diversité religieuse occultent les pratiques de l’État québécois. Celui-ci, que ce soit par le féminisme d’État, par le droit associatif, par la reconnaissance du droit canon ou encore par l’organisation de services publics, fournit des instruments qui soutiennent les pratiques discriminatoires à l’endroit des femmes. L’intervention de l’État pour faire appliquer le droit à l’égalité dans le domaine religieux semble inconcevable dans la tradition juridique. Toutefois, il est possible de penser autrement la laïcité en considérant les engagements de l’État à l’endroit de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et en prenant acte de la contestation du patriarcat par les femmes croyantes à l’intérieur des groupes religieux. Given the persistence of patriarchy within the majority Quebec religious group, Catholicism, this thesis defends a counterintuitive idea: the affirmation of the secular nature of the Quebec state is harmful to women. Feminist analyses of political liberalism and its genealogy by Michel Foucault show that secularism has developed in the denial of the citizenship of women believers. The separation of religion and state and neutrality has created an area of lawlessness for women believers. The organization of liberal democracy, inspired by John Rawls in the Western culture, defended the notion of religious freedom. Analyzed from a postcolonial feminist perspective, religious freedom protects the privilege of men to exercise their domination in religious groups. For women, this freedom can be summed up in the possibility of leaving the group. It denies the agentivity of women believers and presupposes that living a religious affiliation is equivalent to renouncing the right to equality. It seems natural that women believers should refrain from using the legal tools that have advanced women's rights in other areas. In addition, the current debates on secularism on the management of religious diversity overshadow the practices of the Quebec state. This, whether through State feminism, associative law, the recognition of canon law by the judiciary or the organization of public services, provides instruments that support discriminatory practices against women. State intervention to enforce the right to equality in the religious sphere seems inconceivable in the legal tradition. However, it is possible to think otherwise about secularism by considering the State's commitments to the Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women (CEDAW) and by noting the challenge to patriarchy by women believers within religious groups.
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