La mise en scène de l’intervention psychosociale en contexte de crise : ethnographie d’un partenariat « policier-travailleur social »
Thesis or Dissertation
2019-05 (degree granted: 2019-10-30)
Author(s)
Level
Master'sDiscipline
CriminologieKeywords
- Équipe mobile d’intervention psychosociale
- Police
- État mental perturbé
- Santé mentale
- Travail social
- Approche dramaturgique
- Co-responding police-mental health programs
- Policing
- Emotionally disturbed person
- Social work
- Mental health
- Dramaturgic metaphor
- Sociology - Criminology and Penology / Sociologie - Criminologie et établissements pénitentiaires (UMI : 0627)
Abstract(s)
Contexte et objectifs. L’augmentation des interactions entre les policiers et les personnes en état mental perturbé (PEMP) s’est traduite par l’introduction d’une équipe mobile d’intervention psychosociale au Service de police de la Ville de Sherbrooke. Cette équipe, jumelant un policier et un intervenant psychosocial, intervient lors de situations impliquant une PEMP. Jusqu’à présent, peu d’études se sont attardées au fonctionnement de ce type d’équipe. L’objectif de ce mémoire est de documenter le fonctionnement de cette équipe. Les objectifs spécifiques sont de : 1) décrire les étapes centrales d’une intervention psychosociale, 2) identifier les actions centrales de chacune de ces étapes, 3) définir les interactions entre les parties présentes lors de l’intervention et, 4) comprendre le sens des actions posées par les acteurs. Méthodologie. Des données ont été colligées via la méthode ethnographique. Depuis le banc arrière d’une auto-patrouille de police, 200 heures d’observation ont été effectuées lors d’interventions policières auprès de PEMP. Résultats. Articulé autour de la métaphore dramaturgique de Goffman, ce mémoire met tout d’abord en lumière le script opérationnel des interventions de l’équipe : 1) la prise de connaissance d'un état mental perturbé, 2) la définition de la situation par différents acteurs, 3) l’évaluation de la nécessité de déployer l’équipe mixte, 4) l’entrée en scène de l’équipe et la sécurisation des lieux, 5) l’évaluation psychosociale de la PEMP, 6) le choix de l’intervention selon la finalité recherchée, et 7) le suivi post-intervention. La mise sur pied de l’équipe a mené à la création de nouveaux scénarios d’intervention et par le fait même, modifié les façons de procéder des policiers lors de leurs échanges avec les PEMP. L’analyse des interactions entre les membres de l’équipe illustre la transition du rôle de « guerrier » attribué traditionnellement à la police vers celui d’un rôle de « gardien de la paix sociale » défini par une dyade prévention-coercition. L’équipe mixte personnalise également une nouvelle modalité d’investissement social articulé principalement autour des mesures alternatives à l’arrestation, l’incarcération ou l’hospitalisation. Les policiers et intervenants psychosociaux doivent parfois employer des ruses de pouvoir relevant du concept de fabrication de Goffman (1991) afin de diriger la PEMP vers les ressources appropriées. Les résultats des observations montrent aussi que l’usage de la force et l’application d’une loi forçant un transport à l’hôpital (Loi P-38.001) ne sont pas des pratiques opposées à la prise en charge par le milieu communautaire. Conclusion. Les résultats permettent de décrire et de donner un sens aux situations dans lesquelles l’équipe mobile d’intervention psychosociale se déploie. Les interactions entre les parties présentes varient en fonction du décor interpersonnel, juridique et institutionnel de l’équipe. Ce mémoire établit également la pertinence d’utiliser un cadre interactionniste pour cerner les dynamiques des interventions policières et comprendre les résultats qui en découlent tels que l’arrestation, l’usage de la force, l’hospitalisation et la prise en charge par les organismes communautaires. La présente étude offre des pistes de réflexion sur la gestion des PEMP et la formation policière. Context and objectives. The increase in interactions between police officers and emotionally disturbed people (EDP) led to the introduction of mobile crisis intervention team (MCIT) in the Police Department of the City of Sherbrooke (also known as co-responding police-mental health programs). The MCIT combines a police officer and a social worker, and is dedicated to situations involving EDP. Despite their growing popularity, few studies have investigated the functioning of such teams. The main objective of this dissertation was to provide a better understanding of the functioning of a co-responding police-mental health program. More specifically, this study: (1) describe central stages of a psychosocial intervention; (2) identify the main actions at each stage; (3) define interactions between parties involved in the intervention; and (4) understand the meaning of actions displayed by each actor. Methodology. Data was collected through an ethnographic method. From the backseat of a police patrol car, 200 hours of observations were conducted during interventions among EDP. Results. Embedded in Goffman’s dramaturgic metaphor, analyses first led to the identification of a seven-stage operational script: (1) Being notified of a situation involving an EDP; (2) Defining the situation according to different actors; (3) Assessing the need for the MCIT; (4) Entering the scene and securing the intervention site; (5) Conducting the psychosocial assessment; (6) Choosing the management strategy according to the purpose of the intervention; and (7) Conducting follow-up activities. The introduction of the MCIT led, on the one hand, to the creation of new intervention scenarios, and on the other hand, to modifications in strategies used by police officers during their exchanges with EDP. Analyses of interactions between team members showed a transition in the police officer role, i.e., from a “warrior” to a “guardian of public order” role. In keeping with Goffman’s concept of fabrication, results indicate that police officers and social workers sometimes used deceptive and coercive strategies in order to avoid arrest and hospitalization. Hence, the use of force and transportation of EDP to hospital against their will (Act P-38.001) were not incompatible with the diversion approach. At last, the introduction of a MCIT also led to changes in management strategies; rather than arrest, incarceration and hospitalization, diversion measures such as referrals to community agencies and to the EDP’s personal/social network were opted for.
Conclusion. Results described settings in which the MCIT conducted their interventions. Interactions between actors vary according to their interpersonal, legal and institutional settings. This study also demonstrates the usefulness of the interactionism framework in order to capture dynamics of police interventions and their associated outcomes such as arrest, police use of force, hospitalization or management by community agencies. This study concludes by offering reflections on the management of EDP and police training.
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