Abstract(s)
Ce travail s’articule autour de la spiritualité non-religieuse des créatifs culturels et de l’influence de celle-ci dans la construction d’une société transmoderne, c'est-à-dire humainement et écologiquement soutenable. Alors que nous serions plongés depuis les années 1980 dans le tournant axial de l’ultramodernité, entrée provoquée par la prise de conscience globale de l’urgence environnementale causée par les activités humaines (ère de l’anthropocène), les créatifs culturels véhiculant des valeurs postmatérialistes et représentant, selon les sociologues Paul Ray et Sherry Anderson (2000), environ un tiers de la population occidentale, seraient animés par une intention éthique et responsable d’habiter la planète. Alors que la spiritualité et le développement personnel semblent être au cœur de leur démarche, nous proposons un portrait de ce groupe comme idéal-type de la spiritualité d’aujourd’hui, caractérisée par une conscience écosophique, qui vise d’abord à “se changer soi” pour ensuite “changer le monde” dans un projet éthique, social et politique, qui se distingue fondamentalement du chercheur « consommateur » de croyances. Reposant sur un cadre conceptuel riche et sur une enquête qualitative auprès de 19 créatifs culturels francophones se considérant « spirituels, mais pas religieux », cette recherche souhaite contribuer à l’élargissement des connaissances sur la spiritualité non-religieuse contemporaine, mais souhaite également « défricher » l’organisation du croire derrière un discours alternatif prenant vraisemblablement de l’importance dans nos sociétés occidentales.
This work revolves around the non-religious spirituality of cultural creatives and its influence in the emergence of a transmodern society, that is, humanely and ecologically sustainable. In the 1980s Western societies entered the axial turn of ultramodernity, entry caused by the global awareness of the environmental emergency caused by human activities (era of the Anthropocene). Cultural creatives who hold postmaterialist values and seem to represent according to sociologists Paul Ray and Sherry Anderson one third of Western population, are driven by an ethical and responsible vision of how we inhabit the Earth. While spirituality and personal improvement are central in their approach, I will present a portrait of this group as an ideal-type of today's spirituality, characterized by an ecosophical consciousness, which aims first at “changing oneself” to then "change the world", in an ethical, social and political project. This portrait would indeed distinguish itself fundamentally from the spiritual researcher "consumer" of beliefs. Based on a rich conceptual framework and a qualitative survey of 19 French-speaking cultural creatives, this research seeks to broaden knowledge about non-religious spirituality but also "reclaim" beliefs behind an alternative discourse that is likely to be important in our Western societies.