Ce mémoire de maîtrise trace la généalogie d’un robot social, de sa conception à ses différentes utilisations et la manière dont les utilisateurs interagissent avec. A partir d’un terrain de six mois dans une start-up et deux maisons de retraite au Japon, j’interroge la création de Pepper, un robot social crée par la compagnie japonais SoftBank. Pepper a été créé de façon à être humanoïde mais pas trop, ainsi que perçu comme adorable et charmant. Par la suite, je décris comment Pepper et d’autres robots sociaux sont utilisés, à la fois par des développeurs, mais aussi par des personnes âgées, et je souligne une tension existante entre leur utilisation comme des compagnons et des outils. En me basant sur l’anthropologie ontologique et la phénoménologie, j’examine la construction du robot comme une entité avec laquelle il est possible d’interagir, notamment à cause de sa conception en tant qu’acteur social, ontologiquement ambigu, et qui peut exprimer de l’affect. En m’intéressant aux interactions multimodales, et en particulier le toucher, je classifie trois fonctions remplies par l’interaction : découverte, contrôle, et l’expression de l’affect. Par la suite, je questionne ces actes d’agir vers et s’ils peuvent être compris comme une interaction, puisqu’ils n’impliquent pas que le robot soit engagé. J’argumente qu’une interaction est un échange de sens entre des agents engagés et incarnés. Il y a effectivement parfois un échange de sens entre le robot et son utilisateur, et le robot est un artefact incarné. Cependant, seule l’impression d’intersubjectivité est nécessaire à l’interaction, plutôt que sa réelle présence.
This master’s thesis traces a genealogy of a social robot through its conception to its various uses and the ways users interact with it. Drawing on six months of fieldwork in a start-up and two nursing homes in Japan, I first investigate the genesis of a social robot created by SoftBank, a Japanese multinational telecommunications company. This social robot is quite humanlike, made to be cute and have an adorable personality. While developers constitute one of the user populations, this robot, along with several others, is also used by elderly residents in nursing homes. By analyzing the uses of these populations, I underline the tension between the social robot as a companion and a tool. Drawing on ontological anthropology and phenomenology I look at how the robot is constructed as an entity that can be interacted with, through its conception as an ontologically ambiguous, social actor, that can express affect. Looking at multimodal interaction, and especially touch, I then classify three functions they fulfill: discovery, control, and the expression of affect, before questioning whether this acting towards the robot that does not imply acting from the robot, can be considered a form of interaction. I argue that interaction is the exchange of meaning between embodied, engaged participants. Meaning can be exchanged between robots and humans and the robot can be seen as embodied, but only the appearance of intersubjectivity is enough, rather than its actual presence.