Attention an-archaïque : la tâche de traduire à l’ère séculière
Thesis or Dissertation
2014-10 (degree granted: 2015-09-23)
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L’époque actuelle se caractérise par un processus de sécularisation irrésolu. Les inconsistances de notre modernité relèvent à la fois d’une dissolution de l’hégémonie de la religion en occident et d’une diversification de régimes de valeurs, croyances et représentations ayant pour effet la persistance de différends idéologiques que le phénomène de globalisation à la fois accentue et résorbe sans les abolir. Cette thèse examine la pertinence de la traduction pour interroger les fondements littéraires des enjeux esthétiques et politiques de cette condition. En tant que procédé poïétique, modèle de subjectivité éthique et figure de pensée, la traduction constitue un dispositif littéraire intimement relié au problème de la sécularisation.
Chacune des études qui composent la thèse cherche à approfondir, dans une perspective comparatiste, une intuition de base : le mode de dépossession inhérent au fait littéraire de traduire permet d’appréhender un certain ethos séculier dont le caractère historique ne serait pas totalement coupé d’un rapport à la transcendance dans le contexte de l’économie culturelle globale. Le problème de la traduction est abordé à partir de deux axes principaux : la distorsion de la tradition religieuse par la formation d’une religiosité d’ordre littéraire (un ethos séculier) et la distorsion d’un certain humanisme d’après l’expérience catastrophique et la manière dont cet ethos permet d’y survivre. Cette thèse vise à dégager de l’idée de traduction une capacité de régénérer un rapport éthique à autrui par la construction de liens inédits avec le passé et l’avenir ; une attention à la finitude humaine caractérisée par une disposition critique et affective face à ces artefacts humains que nous nommons littérature. Les écrits de la poète et traductrice Anne Carson jouent un rôle déterminant dans le cadre de cette recherche puisqu’ils exemplifient une capacité singulière de faire usage de la tradition qui permet d’envisager, ultimement, une régénération de la question du sens de l’humain, c’est-à-dire, d’une pensée sensible à l’inhumain entre nous. Our age is one fashioned by an unresolved and deeply problematic process of secularization. The waning of the hegemony of religion in the West and the reconfigurations of values, beliefs and representations in a global cultural economy calls for a certain mode of inquiry able to reflect changing social, political and aesthetic conditions of our discrepant contemporaneity. This thesis contends that translation embodies a relevant ethos for the humanities and a critical fulcrum to investigate an experience of incommensurability sustained in the tensions within secularization manifested through literary works and especially poetry.
Secular imagination is bound to the problem and practice of translation that is framed here as a poïetic process, a model of ethical subjectivity and a figure of thought. This is exposed through a constellation of cultural inscriptions that reflect a sense of sundered transcendence in the midst of a secular world, most notably through the construction of a dislocated relationship to time. These inscriptions are examined along two lines of investigation that bring into focus a radical form of secular thought cultivated through an ambiguous relationship to a spiritual experience of fidelity deprived of a fixed, metaphysical, grounding: first, the emergence of a translational ethos from the distortion of the sacred/poetical economy of texts; second, the distortion of humanism in light of the untimely experience of catastrophe and how this ethos may be a way of working through it.
This thesis aims to show how the task of translation shapes a certain critical attitude embedded in one’s affective dispossession that upholds the task of a return to the human. It fashions a mode of attention to radical human finitude that, in the end, does nothing more than expose its inhumanity. Anne Carson’s poetics of translation is exemplary of such an attention, of a daring spiritual disposition that may be a way to understand how literature and comparative literary inquiry can learn to regenerate the unresolved sense of secularization.
Note(s)
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