Université de Montréal
La maisonnée patrimoniale divine à Ougarit:
une analyse wébérienne du dieu de la mort, Mot
par
Lourik Karkajian
Faculté de théologie
Thèse présentée à la Faculté des études supérieures
en vue de l'obtention du grade de
Philosophiae Doctor (Ph.D.)
en théologie-sciences de la religion
Août, 1998
© Lourik Karkajian, 1998
La présente thèse, par sa méthodologie, se situe dans le domaine de la sociologie des religions. En nous servant de l'approche wébérienne comme assise analytique, nous étudions le concept de la mort à Ougarit entre les troisième et deuxième millénaires avant l'ère commune. Plus particulièrement, nous privilégions le modèle de la maisonnée patrimoniale, un type idéal wébérien, pour analyser la figure du dieu de la mort, Mot. À cet effet nous formulons l'hypothèse que Mot est un dieu à part entière, similaire aux autres divinités , autant sur le plan social que politique. Il est perçu comme le patriarche d'une maisonnée patrimoniale qui, en terme d'organisation, est structurellement et conceptuellement identique à celle de ses collègues divins. Rares sont les auteurs qui se sont servis d'aides heuristiques conceptuelles pour expliquer la configuration divine au Proche-Orient ancien, notamment à Ougarit. Dans la présente thèse et pour la première fois, on fait appel à un type idéal wébérien pour analyser la perception ougaritique d'une figure divine bien particulière: celle de la mort. Pour mener à bien notre étude, nous procédons de la manière suivante.
Pour commencer, nous exposons le choix de notre modèle théorique afin d'identifier les facteurs matériels (environnement et économie) ainsi que les facteurs idéaux (perception de soi chez le natif à travers des données sociologiques) susceptibles d'avoir influencé la mise en forme du monde divin ougaritique en général et le concept de la figuration de Mot en particulier.Nous établissons ensuite notre corpus au sein du cycle AB et nous y justifions le choix des lectures ainsi que l'ordre suivi. Nous étudions par la suite le vocabulaire utilisé pour décrire Mot afin d'en dégager des thèmes spécifiques se rapportant à ses divers traits caractéristiques. Nous traitons en outre la question de l'absence de Mot des listes cultuelles où figurent pourtant toutes les autres divinités majeures du cycle AB.
Ce n'est qu'après avoir colligé et étudié toutes ces données que nous entamons l'analyse de Mot en tant que personnage tridimensionnel perçu dans son contexte socio-politique divin. Pour ce faire nous discutons d'abord du panthéon ougaritique en général selon trois concepts se rapportant à la sociologie wébérienne, à savoir l'organisation, la légitimité et la parenté. Nous reprenons ensuite ces mêmes concepts pour discuter cette fois-ci exclusivement de Mot afin de déterminer les divergences et les convergences de perception entre sa figure et les autres membres du panthéon. Alors que les références agraires explicites manquent dans sa caractérisation, les composantes sociologiques abondent par contre. Son personnage reflète les conditions socio-politiques et culturelles de la société qui l'a créé; en sa qualité de figure d'autorité reconnue, il est perçu, comme ses homologues divins, en tant que chef incontesté d'un domaine patrimonial particulier, le monde souterrain.
Les prospectives que notre thèse ouvre se situent au niveau de l'application du modèle de la maisonnée patrimoniale dans le champ des études du Proche-Orient ancien et du monde biblique. Dans le premier cas, il sera intéressant d'analyser d'autres figures divines selon les paramètres établis par ce modèle. En ce qui concerne le milieu vétéro-testamentaire, une analyse portant sur le concept de la mort, influencé par le contexte socio-culturel prévalant, pourra s'avérer fructueuse.
(Les abréviations des périodiques correspondent à celles utilisées dans l'Elenchus Bibliographicus Biblicus).
Je voudrais en premier lieu remercier mon directeur de thèse, le professeur R. David. Durant mes cinq années d'études doctorales il a fait preuve à la fois d'une grande patience et d'un esprit critique rigoureux. Il s'est révélé aussi un remarquable pédagogue sachant toujours quand il fallait pousser et quand il fallait rassurer. Nous avons formé une bonne équipe.
Je voudrais aussi remercier le professeur G. Couturier, d'abord pour son amitié, mais aussi pour ses conseils toujours appréciés. En outre, les nombreux documents qu'il m'a inconditionnellement prêtés ont été d'une grande utilité.
Le support moral constitue un « aliment » nécessaire pour tout cheminement et, à cet effet, je remercie les professeurs O. Mainville et A. Myre ainsi que mes collègues étudiantes et étudiants, notamment R. Furst pour nos discussions stimulantes et F. Conrad, grâce auxquels l'isolement, si typique de la rédaction d'une thèse de doctorat, a été plus supportable à endurer.
Le support financier est également indispensable et, à cet effet, je suis reconnaissante à la Faculté de théologie de l'Université de Montréal ainsi qu'à la Faculté des études supérieures pour leur aide. Je voudrais également remercier le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche. Ces diverses bourses m'ont permise de mener à terme mes études doctorales.
Je remercie aussi mes parents dont l'amour inconditionnel m'a toujours rassurée et m'a donné le courage nécessaire pour entreprendre maintes entreprises, y compris l'expérience éprouvante d'une thèse de doctorat. Finalement, je voudrais remercier mon époux qui a contribué à créer dans notre maison une atmosphère propice pour une recherche académique de longue haleine. Sans se lasser, il s'est montré d'une ingéniosité remarquable pour tenter de trouver des moyens d'encouragement durant mes moments de désenchantement.
La prima scienza da doversi apparare sia la
mitologia, ovvero l'interpretazion delle
favole (perché...tutte le storie gentilische
hanno favolosi i principi)...E quindi cominciar
debbe la storia universale..
(G. Vico, La scienza nuova, #51)
À mes parents et mon époux