Abstract(s)
In his article of 1982 “The Useless Suffering” Lévinas writes that his interpretation of the story of Job in the Old Testament is in agreement with the reading offered by Kant in his essay of 1791 on “theodicy.” For the two authors indeed every attempt at showing that a divine justice is at work in the events of the world is doomed to fail, or more precisely: to be contradicted by the facts. The question of theodicy must on the contrary be addressed from a strictly moral point of view. And this question provides a special opportunity to stress the profound differences between Kant’s and Lévinas’ ethics: on the one hand, honesty with oneself, and on the other hand, care for the other.
Dans son texte de 1982 « La souffrance inutile », Lévinas déclare que son interprétation de l’histoire de Job dans l’Ancien Testament va dans le sens de celle que Kant développe dans son opuscule de 1791 consacré à la « théodicée ». Pour les deux auteurs, en effet, toute tentative visant à démontrer qu’une justice divine est à l’œuvre au sein des événements du monde est vouée à l’échec, c’est-à-dire à un démenti par les faits. La question de la théodicée doit au contraire être envisagée selon eux d’un point de vue strictement moral. Or cette question nous fournit une occasion privilégiée pour signaler les différences profondes qui subsistent entre l’éthique kantienne et l’éthique lévinassienne : sincérité envers soi-même, d’une part, souci de l’autre, d’autre part.