Le colonialisme scientifique dans le Nord du Québec : Rousseau, Hamelin et le Centre d’études nordiques (1947-1961)
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Le Nord du Québec est un des grands oubliés de l’historiographie québécoise. Ce territoire intègre le récit national après 1960, alors que l’État québécois en pleine Révolution tranquille investit le territoire. Lorsqu’il est étudié avant cette date, c’est habituellement pour mettre l’accent sur l’exploitation des ressources naturelles, notamment le fer. Dans ce mémoire, nous réévaluons cette tendance historiographique en observant que l’État québécois s’intéresse au territoire bien avant. Dans les années 1940 et 1950 commence une expansion coloniale, menée par un groupe de savants qui, en quête de connaissances et en quête d’actualisation de la Nation, visitent et étudient le Nord. Les années 1940 sont marquées par le botaniste et ethnologue Jacques Rousseau, qui tresse par ses recherches les premiers nœuds d’une dynamique de savoir-pouvoir avec le gouvernement du Québec. Dans les années 1950, le géographe Louis-Edmond Hamelin lui emboîte le pas, créant une institution de recherche scientifique nordique au bénéfice de la province par la fondation du Centre d’études nordiques de l’Université Laval, inauguré en 1961. L’étude des trajectoires de ces hommes et de la communauté scientifique au sein de laquelle ils œuvrent montre le prélude à la domination du territoire par le Québec et l’établissement d’un rapport colonial dans le territoire alors connu sous le nom de l’Ungava. Québec historiography has largely forgotten [has neglected?] the province’s North. The territory found a place in the national narrative only after 1960 and the start of the Quiet Revolution, which saw the Québec state invest the space. Studies of the North before that period tended to emphasize the exploitation of natural resources, principally iron. This thesis seeks to nuance this periodization by documenting early interest in the territory on the part of the Québec political elites. In the 1940s and 1950s, a colonial expansion began; it was led by a group of scientists who in the pursuit of knowledge and of modernity for their nation, visited and studied the North. The 1940s were marked by the botanist Jacques Rousseau, whose pioneering research inaugurated a power/knowledge dynamic with the Québec government. In the 1950s and beyond, the geographer Louis-Edmond Hamelin followed in Rousseau’s footsteps. The northern scientific research institute he created at Laval University, the Centre d’études nordiques, was inaugurated in 1961. The study of these men’s trajectories and of their scientific community shows the creation of a colonial rapport in the region then known as Ungava – a kind of prelude to Québec’s domination of the territory.
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