Réaliser une recherche socialement juste en éducation : apports et limites d’une approche épistémo-méthodologique féministe
Article [Version of Record]
Is part of
L’éducation en débats ; vol. 11, no. 1, pp. 24-41.Publisher(s)
Bibliothèque de l'Université de GenèveAbstract(s)
Cet article présente l’approche épistémo-méthodologique féministe constituée pour élaborer
et mener une recherche qualitative sur l’organisation et la reproduction des rapports de
domination dans les distributions dissymétriques du travail enseignant au Québec
(Larochelle-Audet, 2019). Il expose les principaux postulats épistémologiques, outils
méthodologiques et courants théoriques mobilisés afin de répondre aux exigences d’une
recherche socialement juste (Strega & Brown, 2015a). La recherche a été réalisée à l’aide de
l’ethnographie institutionnelle (Smith, 2018), depuis le point de vue d’enseignantes de
groupes racisés en début de carrière (14). Leurs récits, recueillis lors d’entretiens semidirigés, ont guidé l’exploration de processus et pratiques régulant leur sélection et leur
évaluation en emploi, à partir d’entretiens menés avec des directions d’école et d’autres
employées clés du réseau scolaire public et d’une analyse documentaire du cadre législatif.
Comme cette méthode d’enquête sociologique tend à surexposer les activités des groupes
dominants et leurs institutions, la pensée féministe noire a été mobilisée pour légitimer les
expériences des enseignantes de groupes racisés en tant que savoirs. Les extraits de leurs
récits présentés montrent comment se co-forment les systèmes d’oppression dans
l’organisation du travail enseignant et différentes stratégies mises en œuvre pour y résister.