Urbanisation capitaliste, justice urbaine et démocratie participative : pour une transformation quasi-perfectionniste des institutions municipales
Thèse ou mémoire
2018-05 (octroi du grade: 2019-03-13)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
PhilosophieMots-clés
- Ville
- Justice urbaine
- Capitalisme
- Aménagement urbain
- Ségrégation résidentielle
- Gentrification
- Républicanisme
- Démocratie participative
- Délibération publique
- City
- Democracy
- Spatial justice
- Urban planning
- Urban capitalism
- Segregation
- Deliberation
- Participation
- Political liberty
- Philosophy / Philosophie (UMI : 0422)
Résumé·s
Cette thèse poursuit deux objectifs. Le premier est de parvenir à démontrer que la spatialité urbaine, en particulier l’urbanisation capitaliste, crée et soutient des injustices socio-spatiales qui affectent les conditions de la liberté politique des habitant.e.s des villes, celle-ci étant comprise en des termes républicains. Le deuxième objectif est de défendre une transformation quasi-perfectionniste des institutions municipales pour que ces dernières soutiennent la participation démocratique diversifiée et active de tous les habitant.e.s – une telle transformation institutionnelles assurant leur protection efficace contre les formes de domination et d’aliénation.
Le premier chapitre montre que la ville est un vecteur d’injustices socio-spatiales. La violence sociale s’exprime dans les lieux publics ; la ségrégation résidentielle renforce la marginalisation, l’exploitation et l’oppression des groupes discriminés et des classes les plus populaires ; enfin l’urbanisation est un terrain exploité par les artisans du capitalisme financier, ce qui conduit à des crises économiques majeures, comme par exemple la crise des subprimes de 2008.
Dans le deuxième chapitre, j’explore quatre analyses et réponses philosophiques de ces injustices urbaines, proposées par des philosophes politiques contemporains (Anderson, Young, Turmel et Ferdman). Après avoir souligné les limites de chacune de ces théories, j’en tire deux conclusions : d’une part, les enjeux de justice urbains concernent plutôt des rapports de pouvoir (domination et aliénation) que des enjeux de redistribution des ressources d’habitation ; d’autre part, les politiques urbaines doivent assumer un perfectionnisme moral. Le chapitre 3 étudie alors la proposition d’Henri Lefebvre qui défend que l’humain ne cesse d’habiter et de subvertir cet espace aliénant. Je juge que cette liberté retrouvée par la pratique spatiale quotidienne, qui investit essentiellement les interstices de l’urbanité, est insuffisante pour renverser la domination des élites économiques, financières et politiques qui tirent les ficelles de l’urbanisation, ainsi que pour se défaire de l’aliénation à la logique capitaliste qui affectent tous les habitants.
Les chapitres 4 et 5 constituent l’apport positif majeur de cette thèse. Dans le chapitre 4, je démontre que la domination sociale et politique des élites urbaines ainsi que l’exploitation capitaliste des villes ne sont finalement que les résultats de faiblesses structurelles et institutionnelles. En effet, elles sont commandées par une double domination institutionnelle des villes et de leurs habitant.e.s : d’une part, les institutions démocratiques municipales sont corrompues par les groupes sociaux privilégiés qui monopolisent les positions de pouvoir politique et économique ; d’autre part, les villes sont soumises au bon vouloir des paliers supérieurs de gouvernement (États, provinces). Cette double domination politique conduit structurellement à promouvoir un développement urbain capitaliste. Or ce dernier affecte non seulement les conditions de l’égalité sociale entre habitant.e.s mais aussi leur capacité à s’engager et à participer politiquement pour changer les choses, autrement dit les vertus civiques. Je conclus sur la nécessité d’une transformation quasi-perfectionniste de la démocratie municipale, garantissant la participation effective des habitant.e.s au contrôle et aux délibérations publiques des politiques d’aménagement urbain, et restaurant les conditions d’une égale liberté politique. Le chapitre 5 prend acte des enseignements du précédent et plaide en faveur de l’inclusion des immigrant.e.s dans le démos urbain, d’une décentralisation des pouvoirs nécessitant la révision du statut juridique des villes, et d’une démocratie locale participative. Je montre que la démocratie participative permettrait de lutter contre la corruption, de prendre des décisions plus intelligentes et de cultiver indirectement les vertus civiques. This thesis strives to meet two targets. The first one is to prove that urban spatiality, specifically capitalist urbanization, createsand supportssomesocio-spatial injusticeswhich affect city-dwellers’ political liberty,aspolitical liberty is understood in neo-republican terms. The second targetis to defenda quasi-perfectionisttransformation of municipal institutions,which couldpromote city-dwerllers’diverse and active democratic participation.
The first chapter shows that city is a vehicle of socio-spatial injustices, through social violence in public spaces, residential segregation and capitalist exploitation of urban environment (throughgentrification). In the second chapter, I examine four answersto those issues, proposed by political philosophers(Anderson, Young, Turmel and Ferdman). After emphasizing their limits, I draw two conclusions:ontheone hand, urban injustice issues mustbeinterpretedin power relation(domination and alienation) more than in distributive terms; on the other hand, urban politics mustassumea moral perfectionism. Chapter 3 studies HenriLefebvre’s proposal that human beings never stop to inhabit and to undermine those alienating spaces where they live in. I consider that this kind of liberty, which is recovered through spatial practice and which floods the interstices of urbanity, is not sufficient to overthrowbothmunicipalelite’sdomination andcapitalist alienation.
Chapter 4 and 5 form the major positive contribution of this thesis. In chapter 4, I demonstrate that social and political domination of urban elites and capitalist exploitation of cities are none other than consequences of structural and institutional weaknesses. In fact, they are the results of a double institutional domination of cities and inhabitants. First, municipal democratic institutions are corrupt by privileged social groups which monopolize political and economical power positions. Second, cities are submitted to superior government stages goodwill (like states or provinces). This double institutional domination leads structurally to promote a capitalist urban development. Yet, the latter does not only reduce social equality between inhabitants, but also their ability to engage and to participate publicly, that means it reduces their civic virtues. I conclude thata quasi-perfectionist transformation of municipal democracy could secure inhabitants effective participation in the controland the public deliberations about urban planning politics, and could secure conditions of equal political liberty. iv
Chapter 5 applies thoselessons given by the later and defendtheinclusion of immigrants in the urban demos, thedecentralization ofpowers and the needto review cities’ legal status, and the arrangementofa participative democracyat the municipal level. I show that participative democracy could fight against corruption, enables demosto take smarterdecisions, and indirectlycultivatesinhabitants’civic virtues.
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