L’eau et le sang, le païen et le chrétien : la Coupe des Ptolémées et la Patène de serpentine du trésor de Saint-Denis
Thèse ou mémoire
2017-08 (octroi du grade: 2018-03-21)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
MaîtriseProgramme
Histoire de l'artMots-clés
- Coupe des Ptolémées
- Patène de Serpentine
- Abbaye de Saint-Denis
- Remploi
- Matérialité
- Débats eucharistiques
- Cup of the Ptolemies
- Serpentine paten
- Abbey of Saint-Denis
- Spolia
- Materiality
- Eucharistic debates
- Communications and the Arts - Art History / Communications et les arts - Histoire de l’art (UMI : 0377)
Résumé·s
La Coupe dite des Ptolémées du Cabinet des médailles (BnF) et la Patène de Serpentine du Louvre ont appartenu au trésor de Saint-Denis, en France, depuis le début du Moyen Âge jusqu’à la Révolution française. Toutefois, ces objets sont bien plus anciens que la fondation de l’abbaye : d’origine antique, ils ont été remontés et réutilisés comme outils liturgiques au 9e siècle. Ils passent pour des dons du roi carolingien Charles le Chauve (823-877).
L’analyse iconographique de la Coupe révèle des préparatifs en vue de célébrations bachiques. La présence de symboles païens sur un objet transformé en calice eucharistique soulève plusieurs questions sur la réception de l’Antiquité dans la cour de Charles et la soi-disant « Renaissance » carolingienne. Les huit poissons incrustés dans la serpentine de la patène ont pour leur part une provenance incertaine. Il est possible qu’ils aient été ajoutés pour « convertir » l’objet cultuel remployé, ou qu’ils aient fait partie de la conception originale de l’assiette, au 1er siècle avant ou après Jésus-Christ.
La présente recherche interroge les sens produits par la recontextualisation de ces objets d’origine non chrétienne vers l’espace sacré chrétien. Pour ce faire, il faut d’abord revenir sur les débats eucharistiques du 9e siècle qui réfléchissent spécifiquement la signification des sacrements et des vaisseaux qui les contiennent. L’iconographie dionysiaque de la Coupe est ensuite comparée à ces écrits, ainsi qu'à d’autres sources traitant des légendes bachiques. Quant aux poissons, ils sont examinés à la lumière d’un large éventail de documents, les plus importants étant les travaux de Jean Scot Érigène. La nouvelle signification chrétienne de ces objets n’est pas le seul fait de leur imagerie : leur matérialité complète et enrichit leurs fonctions rhétoriques. The so-called “Cup of the Ptolemies” (Paris, BnF) and the Serpentine paten at the Louvre originally belonged to the treasury of Saint-Denis, France, from the early Middle Ages to the French Revolution. However, these objects were created even before the foundation of the abbey: of antique origin, they were mounted and reused as liturgical objects in the ninth century. They are thought to be gifts from the Carolingian Emperor Charles the Bald (823–877).
In astonishing high relief, the Cup represents bacchic paraphernalia arrayed on altars. The presence of pagan symbols on an object reworked into a Eucharistic chalice call into question the appreciation of Antiquity by Charles the Bald and his court, and questions in the concept of a Carolingian “renaissance”. The eight golden fish encrusted into the serpentine of the paten have an uncertain origin. They were possibly added to “convert” the reclaimed cult object in the ninth century, or were perhaps part of its original conception in the first century B.C.E./ first century C.E.
The present research probes the semantic shifts assumed by these non-Christian objects when transferred to Christian sacred space, to be used for its most solemn celebration. To examine this question, we must go back to the Eucharistic debates of the ninth century that specifically inquired as to the meaning of the sacraments and the vessels that contained them. The Dionysian iconography of the Cup is then compared with these very writings, as well as other sources dealing with Bacchic myths. As for the fish, they are examined in the light of a wide range of documents, the most important being the work of John Scotus Eriugena. The Christianization of these objects is not only a consequence of their imagery: their materiality completes and enriches their rhetorical functions.
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