1.1. Sensibilité au toucher-pression: cet aspect est mesuré à l'aide des monofilaments de Semmes-Weinstein, une adaptation des filaments de von Frey (Semmes, Weinstein, Ghent et Teuber, 1960). Ce matériel consiste en une série de vingt filaments de nylon d'égale longueur (38 mm) mais variant en diamètre (0,06 à 1,14 mm) et implantés dans un manche en plastique. A chaque filament est assigné une valeur de calibration correspondant au logarithme en base 10 de la force (en mg) requise pour plier le filament en demi-cercle (Corkin, Milner et Rasmussen, 1970; Jones, 1989). Les filaments sont appliqués un à un sur la peau pour une durée de 1 à 1,5 seconde (Bell-Krotoski, 1990) jusqu'à ce que le sujet signale la présence (en série ascendante) ou l'absence (en série descendante) de la stimulation. L'intervalle entre les stimulations varie entre 5 et 15 secondes. Diverses études (voir revue par Jones, 1989) ont confirmé les qualités psychométriques de ce test. La fidélité test-retest (r = 0,84) a été rapportée par Semmes et al. (1960) et confirmée par Bell-Krotoski et Tomancik (1987) et Bell-Krotoski et Buford (1988).
Consigne: Lorsque je dirai « okay », je vais appliquer ou non un filament sur le site pour environ deux secondes et vous direz « oui » si vous l'avez ressenti ou « non » si vous n'avez rien perçu.
1.2. Discrimination de deux points: ce test est l'une des procédures les plus fréquemment utilisées pour évaluer la sensibilité tactile (Jones, 1989). L'instrument utilisé est un esthésiomètre à deux pointes de Weinstein. Il consiste en un pied à coulisse calibré en millimètres et muni de deux pointes fines. L'expérimentatrice applique l'instrument sur la peau et le sujet doit dire s'il ressent un ou deux points (Corkin et al., 1970; Jones, 1989). La distance entre les deux points est graduellement modifiée de façon ascendante ou descendante. Les seuils de discrimination sont définis comme étant la distance minimale requise pour que le sujet distingue deux (ou un) point(s). Les qualités psychométriques de ce test ont été scientifiquement démontrées; aux épreuves de test-retest, des coefficients supérieurs à 0,90 ont été rapportés pour la fidélité intra et inter-observateurs (Semmes et al., 1960; Dellon, MacKinnon et Crosby, 1987).
Consigne: Lorsque je dirai « okay », je vais appliquer ou non une pointe ou deux pointes sur le site et vous répondrez « un » si vous avez ressenti une pointe ou « deux » si vous en avez perçu deux.
L'appareil qui est utilisé pour mesurer la sensibilité au chaud et au froid consiste en une thermode d'une surface de 1 cm2 capable de générer des stimulations de chaud ou de froid d'intensité extrêmement précise. Ce système décrit en détail par Talbot, Duncan, Bushnell et Boyer (1987) incorpore un élément chauffant et un système de refroidissement via une circulation d'eau. Les pentes de réchauffement et de refroidissement de la thermode sont ajustables selon le taux désiré.
L'expérimentatrice applique la thermode sur la peau du sujet au site déterminé pour une durée de 5 secondes (Talbot et al., 1987; Adams et Victor, 1993). La température initiale de la thermode est fixée à la température de peau du sujet. La température augmente ou diminue au rythme de 19oC par seconde pour un écart de température à chaque nouvelle stimulation de 1oC. L'intervalle de temps inter-stimuli est de 15 secondes. Enfin, les valeurs maximales de température sont de 0oC et 50oC de sorte à éviter tout dommage aux tissus (Ziegler et al., 1988; Adams et Victor, 1993).
Le sujet doit indiquer s'il ressent de la chaleur, du froid ou aucune sensation. La procédure utilisée pour la sensibilité thermique est effectuée à l'aide de la méthode des niveaux (Yarnitsky et Ochoa, 1990; 1991). Pour ce faire, la température augmente (ou diminue) de 1oC à chaque essai et revient ensuite à son niveau de base et ce, jusqu'à ce que le sujet signale la présence de chaleur (ou de froid). L'ordre de passation des tests pour déterminer les seuils de chaleur et de froid est randomisé chez chaque sujet et inclut trois séries pour chaque modalité. Une pré-expérimentation réalisée auprès de huit sujets sains a permis de confirmer la fidélité des mesures de test-retest. Les seuils de chaleur, froid et douleur à la chaleur ont été mesurés à deux reprises dans l'intervalle d'une semaine chez huit sujets sains (4 hommes/4 femmes; âge moyen: 43,9 + 4,8 ans). Les coefficients de corrélation intra-classe varient entre 0,69 et 0,95, ce qui signifie une concordance entre les mesures qualifiée de bonne (valeurs entre 0,61 et 0,80) à excellente (valeurs supérieures à 0,81, Fleiss et Cohen, 1973; Landis et Koch, 1977).
Consigne: Au moment où j'appuierai sur le bouton, la température va soit augmenter, diminuer ou demeurer neutre, i.e. à la température de votre peau. Cette température sera maintenue pendant 5 secondes. Vous me direz « chaud » si vous avez ressenti de la chaleur, « froid » si vous avez ressenti du froid ou « neutre » si vous n'avez perçu aucun changement de température.
L'évaluation quantitative des seuils de douleur à la chaleur est effectuée avec l'appareillage décrit pour la sensibilité thermique. Ce test suit toujours l'évaluation de la sensibilité au chaud et au froid de façon à éviter de produire le phénomène de douleur paradoxale (Greenspan, Taylor et McGillis, 1993). Le niveau de base est établi par la moyenne des valeurs obtenues aux trois séries de détermination des seuils à la chaleur. La température augmente par tranche de 1oC jusqu'à ce que le sujet rapporte ressentir de la douleur, le seuil mesuré se voulant un seuil de détection et non de tolérance à la douleur. L'intervalle inter-stimuli est d'au moins une minute, ceci permettant de minimiser la sensibilisation possible des récepteurs cutanés ou des afférences nociceptives primaires (Price et Dubner, 1977; Talbot et al., 1987; Talbot, Duncan et Bushnell, 1989). Trois séries de stimulations sont présentées et le seuil est calculé en moyennant les températures perçues comme douloureuses.
Consigne: Ce test consiste à déterminer votre seuil de douleur à la chaleur. La température de départ est maintenant plus élevée que votre température de peau i.e. qu'elle est fixée au degré correspondant à votre seuil de chaleur. Lorsque j'appuierai sur le bouton, la température va augmenter en chaleur et sera maintenue pendant 5 secondes. Si vous ressentez la stimulation comme étant chaude mais non douloureuse, ne dites rien et je retirerai la thermode après 5 secondes. Par contre, dès que vous ressentez de la douleur, dites-le immédiatement et je retirerai aussitôt la thermode. Il s'agit d'un test de détection de douleur et non de tolérance à la douleur. Vous devez donc me dire à quel moment la stimulation devient douloureuse même si celle-ci est tolérable.
Disponible sur demande auprès de l'auteure
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En ce qui concerne la mesure de qualité de vie obtenue avec le questionnaire SF-36, les résultats ont montré des différences significatives entre les patients brûlés et les sujets contrôles sur deux des huit échelles du questionnaire. Les patients brûlés percevaient une détérioration significative sur les mesures de vitalité et de l'état général de santé.
Pour ce qui est des résultats obtenus au questionnaire SCL-90-R, ils suggèrent des signes de détresse psychologique pouvant persister des années après les brûlures. Les symptômes de perturbation émotionnelle mesurés aux différentes échelles du questionnaire étaient significativement plus nombreux (élévation de sept échelles sur neuf) et plus sévères chez les patients brûlés que chez les sujets contrôles. Les patients souffrant de paresthésie ou de douleur chronique aux sites de leurs brûlures ne montraient pas un pattern de réponses qui différait de celui des patients asymptomatiques (à l'exception de l'échelle de somatisation qui s'est avérée significativement plus élevée chez les patients symptomatiques en comparaison aux sujets asymptomatiques).
Les termes suivants ont été traduits des définitions fournies par le Subcommitte on Taxonomy of the International Association for the Study of Pain (IASP, 1986).