Abstract(s)
Ce mémoire se penche sur l’évolution des stratégies d’autoreprésentation et d’autofictionnalisation dans cinq solos de Marie Brassard entre 2000 et 2011 – Jimmy, créature de rêve, La noirceur, Peepshow, L’invisible et Moi qui me parle à moi-même dans le futur. L’objectif de cette étude est d’analyser comment les masques vocaux contribuent au dévoilement de soi et produisent de ce fait un sentiment d’intimité malgré l’alternance des effets d’identification et de distanciation qu’ils suscitent. Le premier chapitre montre que, par l’ouverture du moi sur le monde au fil des créations, les protagonistes parviennent bientôt à dire « je » sans avoir la consistance d’un personnage, alors que le moi de l’archiénonciatrice se dilate grâce à la perméabilité et aux permutations continuelles des thèmes, des motifs et des personnages. Le second chapitre analyse le décloisonnement spatial qui affecte la scène et la salle comme la performeuse et ses collaborateurs dans l’établissement d’un véritable dialogisme. À partir de l’étude du corps en scène, le dernier chapitre examine les effets du décloisonnement textuel et spatial, et montre que la mise en évidence du triple rôle endossé par Brassard – auteure, actrice et agenceure scénique – oblige à reconsidérer la nature du corps qui s’offre au regard durant la représentation, en invitant le spectateur à s’investir dans le jeu scénique au-delà des évidences.
This dissertation focuses on the development of the strategies of self-representation and autofictionnalisation in five one-woman shows by Marie Brassard between 2000 and 2011 – Jimmy, creature de reve, The Darkness, Peepshow, The Invisible and Me Talking to Myself in the Future. The objective of this study is to analyze the way vocal masks contribute to self-disclosure and thereby produce a feeling of intimacy despite the alternating effects of identification and alienation they engender. The first chapter shows that by opening the “me” to the world through creations, the protagonists soon come to say “I” without having the consistency of a character, while the “me” of the archienonciator expands through continual permeability and permutations of themes, motives and characters. The second chapter analyzes the deregulation affecting the space stage and the audience as well as the performer and her collaborators in the establishment of a genuine dialogism. With the study of the body on stage as its starting point, the last chapter examines the effects of spatial and textual decompartmentalization and shows that the display of the triple role endorsed by Brassard – author, actress and scenic organizer – forces us to reconsider the nature of the body that offers itself to the audience during the performance, inviting the audience member to invest himself in stagecraft beyond what is obvious.