Résumé·s
Cette étude porte sur l’écologie saisonnière des parasitoïdes des œufs de l’arpenteuse de la pruche (Lepidoptera : Geometridae), un important défoliateur du Québec (Canada). Premièrement, nous décrivons les patrons saisonniers de parasitisme d’hôtes sentinelles par Telenomus coloradensis, T. droozi, T. flavotibiae (Hymenoptera : Scelionidae), et Trichogramma spp., dans la région du Bas-Saint-Laurent. Telenomus flavotibiae et Trichogramma spp. parasitent rarement les œufs de l’arpenteuse de la pruche alors que T. coloradensis et T. droozi sont très abondants au printemps. En laboratoire, la convenance des hôtes pour T. coloradensis diminue rapidement avec leur développement embryonnaire au printemps, affectant négativement les niveaux de parasitisme, ainsi que la survie, la taille, le temps de développement et la longévité de la progéniture. Telenomus coloradensis et T. droozi sont actifs très tôt en saison, alors que les températures sont froides (4°C) pour profiter du développement embryonnaire peu avancé de l’hôte. À partir de paramètres empiriques, nous estimons que la progéniture de T. coloradensis issue du parasitisme printanier émerge au milieu de l’été, alors que l’hôte est totalement absent de l’environnement forestier. La nouvelle génération de femelles serait donc susceptible d’entrer précocement en diapause reproductive. D’ailleurs, nos résultats de laboratoire démontrent qu’une période de privation d’hôtes affecte négativement l’activité parasitaire de T. coloradensis. Ce phénomène pourrait expliquer les niveaux très faibles de parasitisme des œufs de l’arpenteuse de la pruche à l’automne. Étonnamment toutefois, les hôtes en début de diapause (à l’automne) sont de meilleure qualité énergétique que les hôtes en post-diapause (au printemps). Alors que des études précédentes ont démontré que T. coloradensis peut survivre à l’hiver en tant qu’immature à l’intérieur des hôtes, nos résultats indiquent que ce sont principalement les femelles fertilisés qui passent l’hiver en diapause reproductive, avec un point de surfusion automnal moyen de -30,6°C.
This study focuses on the seasonal ecology of egg parasitoids of the hemlock looper (Lepidoptera: Geometridae), a major forest defoliator in the province of Quebec (Canada). At first, we describe the seasonal occurrence of parasitism in sentinel hosts by Telenomus coloradensis, T. droozi, T. flavotibiae (Hymenoptera: Scelionidae) and Trichogramma spp., in the Lower St.Lawrence region. Telenomus flavotibiae and Trichogramma spp. rarely parasitize eggs of the hemlock looper, while T. coloradensis and T. droozi are very abundant in spring. In the laboratory, the host suitability for T. coloradensis decreases rapidly with their embryonic development in spring, affecting negatively the levels of parasitism, as well as the survival, size, development time and longevity of offspring. Accordingly, female T. coloradensis and T. droozi are active very early in season, when temperature is cold (4° C), presumably to benefit from low embryonic development of the host. From developmental parameters measured in the laboratory, we estimate that the spring progeny of T. coloradensis emerges in mid-summer, when eggs of the hemlock looper are totally absent from the forest environment. The new generation of female parasitoids is thus expected to enter in a early reproductive diapause : our laboratory results show that an extended host deprivation period negatively affects parasitism by T. coloradensis. This may contribute to explain the very low levels of parasitism of hemlock looper eggs in fall. Our laboratory tests also show that unfertilized eggs in the fall do not allow the development of T. coloradensis. Surprisingly, however, host eggs in early-diapause (in autumn) are energically more suitable than hosts in post-diapause (in spring). While previous studies have shown that T. coloradensis may overwinter as immature eggs inside the host, our field and laboratory results indicate that it is mainly the fertilized females of this species that overwinter in reproductive diapause, with a supercooling point of -30.6 °C in fall.