Résumé·s
Cette thèse a pour objectif de déterminer quelques aspects des figurations du sujet au XVIIe siècle à travers une lecture conjointe des romans à la première personne et des textes philosophiques de cette période. Partant de questionnements proches, ces deux genres discursifs construisent une figure du sujet savant et itinérant : être animé d'un désir de connaissance et amené à repenser les conditions d'énonciation de son expérience particulière. Pour les auteurs du corpus, la vérité se découvre au fil d'expériences singulières si bien que dire le monde avec exactitude revient à l'énoncer à la première personne, à en rendre une perception d'abord subjective. Se pose alors le problème de la légitimation de l'énonciation personnelle, légitimation qui permet d'articuler la première personne à une altérité tout en conservant la singularité du sujet. Cette singularité se double toujours d'une dispersion des identités du sujet et des référents de la première personne. Mais narration, fiction et usages du corps figurent cette identité en constellation. Les deux premières exposent la diversité des visages du « je », leurs concordances ou leurs discordances, à la fois être passé et présent, homme réel et personnage imaginaire, narrateur et auteur. Dans les usages liés aux peines et aux plaisirs du corps se dessine une autre forme de rencontre possible entre la particularité du sujet et l'autre : celui qu'il désire, avec lequel il souffre, avec lequel il jouit, qui vit en lui. Par tous ces aspects, énonciatif, narratif, fictionnel, physique, la subjectivité construite par les textes est toujours et essentiellement une relation : récit raconté pour rejoindre autrui.
The objective of this thesis is to set out several aspects of the figuration of the subject in the 17th Century, through a joint reading of first person novels and philosophical texts from this period. Beginning with similar questions, these two discursive genres construct a figure of a knowing and itinerant subject, a subject animated by the desire to know and thus guided to rethink the conditions that articulate his particular experience. For the authors of these works, the truth is discovered through a series of singular experiences and experiments; the world more clearly announces itself in the first person, rendering a principally singular perception. This poses the problem of the legitimation of personal pronouncement, legitimation which allows for the articulation of the first person with an alterity, while conserving the singularity of the subject. This singularity always doubles as a dispersion of the identities and referents of the first person. Still, narration, fiction and corporal practice show this identity as constellation. The first two expose the diverse faces of the ‘I’, their agreements and disagreements, their being at the same time past and present, real persons and imaginary characters, narrator and author. From the practices tied to the pain and pleasure of the body is drawn another form of possible encounter between the particularity of a subject and an other: the one he desires, with whom he suffers and plays, the one who lives in him. Through all these aspects, enunciative, narrative, fictional, physical, the subjectivity that is inscribed in and described by these texts is always primarily relational: an account recounted to encounter the other.