Le primat de l’éthique sur l’ontologie dans l’œuvre d’Emmanuel Levinas
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Ce mémoire analysera une des thèses majeures de l’œuvre d’Emmanuel Levinas, à savoir le primat de l’éthique sur l’ontologie. L’argumentation se penchera surtout sur la description phénoménologique de l’approche de l’altérité, incarnée dans la concrétude du visage du prochain et dans laquelle se retrouve l’idée de l’infini, inspirée dans sa formulation de Descartes. Cette idée, n’étant pas qu’un simple concept mais plutôt une réalité phénoménale transcendante, amène Levinas à questionner le rôle de la conscience thématisante dans l’expérience morale, caractérisée par son immédiateté et par la présence d’un Autre. Est-ce que l’essentiel de la conscience se comprend comme liberté et savoir ? Y aurait-il un autre aspect, oublié par la rationalité que Levinas qualifie de grecque, qui serait plus propre à décrire la conscience ? L’ontologie ne repose-t-elle pas sur une conception de l’homme comme un sujet autonome et en contrôle ? Par ses fines analyses plutôt ontologiques dans Totalité et infini, et par sa prose plus déconstructrice d’Autrement qu’être, ou au-delà de l’essence, Levinas ébranle les fondations du sujet moderne tout en ramenant au centre des préoccupations philosophiques une idée que la tradition occidentale a eu tendance à évacuer, c’est-à-dire l’altérité. Et cette altérité, irréductible aux concepts immanents de la conscience d’un sujet, est ce qui justifie le primat de l’éthique, posant devant le je un tu qui appelle et demande une responsabilité absolue. Plusieurs auteurs et commentateurs seront mis à contribution, dont surtout Husserl et Heidegger, ainsi que S. Critchley, B. Bergo, J.-M. Salanskis et Jacques Roland. This paper will analyze one of the major theses of the work of Emmanuel Levinas, his affirmation of the primacy of ethics over ontology. The argument will concentrate on the phenomenological description of the approach of Otherness, incarnated in the concreteness of the neighbour’s face, in which we could encounter the idea of infinity. This idea would not be a concept, but a transcendent phenomenal reality, leading Levinas to question the role of thematizing consciousness in the moral experience, characterised by the immediacy of the presence of an Other. Does the essential part of consciousness consist of liberty and knowledge ? Is there not another aspect, forgotten by a rationality qualified as Greek, which would be better suited to the nature of consciousness? Does ontology rely on a subject conceived as autonomous and in control of its destiny? Through his analysis in an ontological language in Totality and infinity, and through his deconstructive prose in Otherwise than Being, Levinas compromises the very core of the modern subject, bringing back to the forefront of philosophical inquiries an idea that the western tradition tended to evacuate from its discourse : Otherness. And this Otherness, irreducible to the immanent concepts of a subject’s consciousness, is what justifies the primacy of an ethic, positioning the I in front of a you that demands absolute responsibility. The contribution of several authors and commentators will be taken into account in this paper, mainly Husserl and Heidegger, but also S.Critchley, B. Bergo, J.-M. Salanskis and Jacques Roland.
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