Réécritures du mythe de Lilith dans La Jongleuse de Rachilde et Le Jardin des supplices d’Octave Mirbeau : reflets d’une féminité trouble
Thesis or Dissertation
2010-08 (degree granted: 2011-05-05)
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Master'sDiscipline
Littératures de langue françaiseAbstract(s)
De légendaires, les grandes figures féminines des mythes anciens sont devenues, au fil du XIXe siècle, emblématiques. Le mouvement s’amplifie vers la fin du siècle et l’imaginaire « féminin » se nourrit alors d’un discours social qui contribue à construire la féminité en termes de menace et de dépravation. Les figures mythiques prêteront leurs traits à celle de la femme fatale, devenue le symbole de la dégénérescence de la société française. Engrangeant dans son corps représenté tous les vices du siècle, la figure féminine nous est apparue éminemment révélatrice quant à la compréhension d’une époque. Or, la figure de la femme fatale s’avère fondamentalement ambivalente et Lilith, pouvant à la fois incarner l’amour et la destruction, affiche ce double visage de la féminité.
Nous démontrons qu’il existe une relation étroite entre la profonde ambivalence du mythe de Lilith et les représentations de la femme fatale et pour ce faire, procédons à une analyse comparative de l’œuvre de Rachilde et Octave Mirbeau qui, dans La Jongleuse et Le Jardin des supplices, réécrivent le mythe de Lilith. De la comparaison des deux Lilith, ressortent deux représentations extrêmement contrastées de la femme fatale : alors que Rachilde dresse toute droite son héroïne dans son désir ascensionnel, Mirbeau construit une Clara toute en mollesse et assoiffée de chair. Par l’analyse des rapports qui s’articulent entre deux écritures, nous démontrons que la dualité inhérente au mythe de Lilith répond à l’instabilité d’une société aux prises avec de multiples angoisses en matière d’identité sexuelle. Cette comparaison nous amène aussi à nous interroger quant aux traces d’une certaine sexuation dans la voix littéraire. Over the course of the nineteenth century the legendary female figures of ancient myth had become emblematic of the female sex. This association grew stronger toward the end of the century and the “feminine imaginary” fed itself on a social discourse that contributed to the construction of femininity in terms of menace and depravity. The mythical figures that lent their faces to representations of the femme fatale became symbols of the degeneration of French society. With all of the vices of the century gathered into her body, this female figure appears to us as eminently revealing as to the understanding of an era. However, the figure of the femme fatale is fundamentally ambivalent, and the mythical figure of Lilith, which can embody love as well as destruction, represents the two opposing aspects of nineteenth century representations of femininity.
This study shows that there is a direct relationship between the profound ambivalence that characterizes the myth of Lilith and representations of the femme fatale. To this end, we undertake a comparative analysis of the works of Rachilde and Octave Mirbeau, who rewrite the myth of Lilith in The Juggler and The Torture Garden. Two extremely contrasting representations emerge from the comparison between the two “Liliths”: as Rachilde portrays her upstanding heroine’s desire to transcend her body, Mirbeau constructs his Clara as soft and mired in the body, thirsty for carnal pleasure. By examining the relationships that become apparent between these works, we demonstrate that the duality inherent in the myth of Lilith responds to the instability of a society grappling with multiple anxieties regarding sexual identity. This comparison, therefore, allows us to interrogate the traces of a specific mode of sexuation in the literary voice.
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