Éthéréalisation : amorces d'une contre-histoire
Thèse ou mémoire
2010-10 (octroi du grade: 2010-11-04)
Auteur·e·s
Directeur·trice·s de recherche
Cycle d'études
DoctoratProgramme
CommunicationMots-clés
- Éther
- Technologies de l'information
- Éternel retour
- Révolution de l‘information
- Théories médiatiques
- Sans-fil
- Cyberculture
- Agamben
- Foucault
- Mythe
- Ether
- Information technologies
- Eternal return
- Information revolution
- Media theory
- Wireless
- Cyberculture
- Agamben
- Foucault
- Mythology
- Communications and the Arts - Mass Communications / Communications et les arts - Communications (UMI : 0708)
Résumé·s
Cette thèse est une enquête épistémologique qui s’interroge sur la persistance de « l’éther » dans le champ de la technologie. De façon générale, le mot « éther » évoque un modèle conceptuel de la physique pré-einsteinienne, celui d’un milieu invisible permettant la propagation de la lumière et des ondes électromagnétiques. Or, ce n’est là qu’une des figures de l’éther. Dans plusieurs mythologies et cosmogonies anciennes, le nom « éther » désignait le feu originel contenu dans les plus hautes régions célestes. Aristote nommait « éther », par exemple, le « cinquième être », ou « cinquième élément ». La chimie a aussi sa propre figure de l’éther où il donne son nom à un composé chimique, le C4H10O, qui a été utilisé comme premier anesthésiant général à la fin du XIXe siècle. L’apparition soutenue dans l’histoire de ces figures disparates de l’éther, qui a priori ne semblent pas entretenir de relation entre elles, est pour nous la marque de la persistance de l’éther. Nous défendons ici l’argument selon lequel cette persistance ne se résume pas à la constance de l’attribution d’un mot ou d’un nom à différents phénomènes dans l’histoire, mais à l’actualisation d’une même signature, éthérogène. À l’invitation d’Agamben et en nous inspirant des travaux de Nietzsche et Foucault sur l’histoire-généalogie et ceux de Derrida sur la déconstruction, notre thèse amorce une enquête historique motivée par un approfondissement d’une telle théorisation de la signature. Pour y parvenir, nous proposons de placer l’éther, ou plutôt la signature-éther, au cœur de différentes enquêtes historiques préoccupées par le problème de la technologie. En abordant sous cet angle des enjeux disparates – la légitimation des savoirs narratifs, la suspension des sens, la pseudoscience et la magie, les révolutions de l’information, l’obsession pour le sans-fil, l’économie du corps, la virtualisation de la communication, etc. –, nous proposons dans cette thèse autant d’amorces pour une histoire autre, une contre-histoire. This dissertation stands as an epistemological inquiry into the persistence of the notion of ether within technology’s discursive field. Most often, the word “ether” is understood as a conceptual model in pre-einsteinian physics which designates the medium responsible for the propagation of electromagnetic waves and light. However, this proves to be only one of the many figures of ether. In multiple mythologies and cosmogonies, ether was also the name employed to refer to a sublime and pure fire filling the highest spaces of the universe. Aristotle, for example, named “ether” what he considered to be the “fifth being,” or the “fifth element.” Chemistry also makes use of ether, where the name denominates the compound C4H10O, used as the first general anaesthetic agent at the end of the nineteenth century. From our point of view, the sustained occurrences of ether in these different figures, so disparate indeed that they appear unrelated, marks the manifestation of its persistence. We argue that this persistence should not be narrowed down to a constant attribution of a “word” or a “name” to several historical phenomenons, but rather should be viewed as the actualization of a same etherogeneous “signature.” Responding to an invitation by Italian philosopher Agamben, and building on Nietzsche’s and Foucault’s history-genealogy as well as on Derrida’s deconstruction, our dissertation proposes an historical program oriented towards a theorization of the signature. To do so, we suggest locating the ether, or rather the ether-signature, at the heart of several historical inquiries concerned with the contemporary problem with technology. Approaching some of theses issues –the legitimating of narrative knowledge, the suspension of the senses, pseudoscience and mysticism, information and industrial revolutions, wireless obsessions, body and corporeality, virtualization of communication, etc. –, our dissertation aims at locating and articulating as many baits towards an-other history, a counter-history.
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