Iceberg Slim, une tentative de rédemption, suivi de Libre maintenant, Tina

Abstract

S’il ne l’a pas inventée, Iceberg Slim a su pérenniser dans la culture populaire la figure du pimp en tant que figure héroïque, notamment grâce à la publication d’une œuvre à teneur autobiographique, Pimp (1967). Au vu des motivations de l’auteur, l’ironie qui caractérise la réception de l’œuvre apparait dans toute son importance: Iceberg Slim se donne l’objectif liminaire d’exploiter son capital biographique de façon à articuler une confession, voire une mise en garde. Qu’est-ce qui explique une si grande disparité entre les intentions de l’auteur et l’issue de son entreprise? Mon essai identifie et décrit, d’abord, les stratégies de représentation de soi par lesquelles Slim se constitue un ethos discursif puis une posture auctoriale l’autorisant à faire du récit de sa vie une tentative de rédemption. Ensuite, il est question de mesurer l’efficacité de cette tentative de rédemption. Mettant au jour la faillibilité de ses stratégies, les éléments qui parasitent le contrat de lecture établi dans l’avant-propos sont relevés, accordant au lectorat la possibilité d’une lecture «négative», voire didactique de l’œuvre.

Informé par l’état des lieux qui le précèdera, le volet création de ce mémoire, une novella intitulée Libre maintenant, Tina, développe une réflexion parallèle sur les possibilités et les écueils de l’écriture réparatrice. Il correspond à un roman en fragments constitué des confessions d’une jeune Montréalaise obligée de renouer avec un monde criminel après la disparition d’une amie d’enfance. Cette enquête révèle l’aliénation morale et culturelle subie par la narratrice pour survivre socialement. Aussi son parcours la porte-t-elle à retrouver Tina, mais également à regagner son agentivité.

If Iceberg Slim didn’t invent it, he certainly perpetuated the figure of the pimp in popular culture as a heroic figure, notably through the publication of his autobiographical work, "Pimp" (1967). Given the author’s motivations, the irony characterizing the reception of the work becomes crucial: Iceberg Slim sets out with the primary objective of leveraging his biographical capital to articulate a confession or even a cautionary tale. What could explain such a stark disparity between the author’s intentions and the outcome of his endeavor? This essay analyzes the strategies Iceberg Slim employs to construct his narrative, portraying himself as a redeemed individual. It also evaluates the effectiveness of this redemption narrative. By revealing the flaws in Slim’s storytelling techniques, this essay demonstrates how the reading experience can deviate from the author’s intended goal, allowing for a "negative" or even didactic reading of the work.

Informed by the groundwork preceding it, the creative component of my thesis, a novella titled "Libre maintenant, Tina" develops a parallel reflection on the possibilities and pitfalls of reparative writing. It takes the form of a short novel comprised of confessions from a young Montrealer forced to reconnect with a criminal world after the disappearance of a childhood friend. This investigation reveals the moral and cultural alienation experienced by the narrator in order to socially survive. Her journey leads her not only to rediscover Tina but also to regain her agency.