Statut d’immigrant et retraite : étude de la retraite au Canada dans le contexte d’une augmentation du poids des immigrants parmi la main-d’oeuvre canadienne
Thesis or Dissertation
Abstract(s)
Les dernières projections de Statistique Canada montrent que la structure de la population canadienne connaît deux grandes transformations depuis quelques décennies : elle devient de plus en plus âgée et elle se diversifie. La concentration progressive de la population canadienne dans les groupes d'âge plus avancés, véhiculé par le vieillissement démographique, est donc accompagnée d’une diversité croissante de sa population liée à l’immigration qui contribue, entre autres, à la croissance de la main-d’œuvre canadienne.
Puisque les immigrants, comme les natifs, vieillissent et finissent par prendre leur retraite, la diversification démographique qui leur est associée aura incontestablement un impact sur les comportements de retraite observés au Canada, car les immigrants et les natifs ont des trajectoires professionnelles et familiales différentes qui se manifesteront lors de la transition de la vie active à la retraite.
Malgré ce contexte, nombreuses sont les questions sur la retraite des immigrants qui demeurent sans réponse. En effet, la revue de la littérature de cette thèse a permis de constater que, si la recherche sur la retraite a répondu à de nombreuses questions, celles relatives au comportement des immigrants ont été moins explorées. Parmi celles-ci figurent les caractéristiques des immigrants retraités, les effets de la définition de la retraite sur les résultats des études dans un contexte de forte immigration ainsi que les facteurs influençant l'âge de la retraite des travailleurs immigrants.
Pour contribuer à améliorer les connaissances sur la retraite, cette thèse s’est fixé trois objectifs présentés sous la forme d'articles scientifiques qui se sont concentrés sur la dernière retraite observée.
Le premier article propose un portrait de la population retraitée au Canada selon le statut d'immigrant. Il a été dressé à l’aide des données de l’Enquête sociale générale de 2016. Les résultats, bien que purement descriptifs, montrent que le statut d’immigrant implique un passage de la vie active à la retraite différent de celui des natifs. Nous constatons que les immigrants, femmes et hommes, prennent leur retraite plus tard que leurs homologues natifs et que ces derniers sont plus susceptibles d’être à la retraite, peu importe le groupe d’âge analysé. Quant au revenu, cette étude souligne que l’accès à des régimes privés de pensions chez les personnes immigrantes est inférieur à celui des natifs. De plus, nous constatons que la principale source de revenu de retraite pour la majorité d’individus sont les régimes publics de pensions et les transferts gouvernementaux, sauf pour les hommes natifs qui sont plus portés à déclarer les régimes privés de pensions comme source principale de revenu.
Le deuxième article, qui utilise les données de l'étude longitudinale internationale des adultes (ELIA) couplées aux données administratives sur les revenus, se penche sur la question de savoir comment la définition de la retraite affecte à la fois les résultats relatifs au nombre de retraités et à l'âge moyen de la retraite lorsque le statut d'immigrant est pris en compte. Cette étude examine également si cet effet varie de la même manière pour les immigrants et les natifs. Les résultats suggèrent que la façon de définir la retraite affecte à la fois l’estimation de la proportion de retraités à une tranche d’âge donnée et l’âge auquel elle survient. Le choix de la définition a donc un impact sur la comparaison entre les immigrants et les natifs puisqu'elle s'appuie sur des estimations et des écarts qui varient en fonction de son opérationnalisation. En outre, nos analyses montrent que l'effet du choix de la définition varie entre les groupes d'âge, les personnes de moins de 65 ans y étant les plus sensibles.
Le troisième article s’intéresse aux facteurs associés à l'âge de la retraite des immigrants au Canada ainsi qu’au lien entre ce passage et les caractéristiques associées à une meilleure intégration sur le marché du travail, tels que la détention d'un diplôme canadien et l’âge à l’immigration au pays. À l’aide des données de l’ELIA couplées aux données administratives du revenu, les résultats montrent, globalement, que si les régimes de retraite privés influencent significativement le comportement de retraite des immigrants et des natifs, la présence d'enfants dans le ménage n'est significative que pour ces derniers. En ce qui concerne les variables liées à l'immigration, nous observons que le fait d'arriver au plus tard à l'âge de 18 ans rapproche les comportements de retraite des immigrants et des natifs, quelle que soit la définition retenue. Par ailleurs, la détention d'un diplôme canadien apparaît associée à une retraite plus tardive lorsque la définition retenue est celle basée sur l'âge déclaré de la retraite.
Les résultats de cette thèse contribuent à faire avancer les connaissances sur la retraite dans un contexte marqué par le poids grandissant des immigrants. D’abord, nous avons démontré que, tout comme le sexe, le statut d’immigrant implique un passage de la vie active à la retraite différent de celui vécu par les natifs qui mérite d’être un objet d’étude en soi. Deuxièmement, nos résultats attirent l'attention sur l'importance de mieux comprendre la relation entre la définition de la retraite et les résultats obtenus afin de tirer des conclusions plus précises sur le comportement en matière de retraite. En outre, nos analyses montrent, d'une part, que les immigrants arrivés avant l'âge de 19 ans prennent leur retraite à un âge semblable à celui des natifs. D'autre part, ceux qui arrivent après l'âge de 30 ans ou qui possèdent un diplôme canadien sont plus susceptibles de prendre leur retraite plus tardivement par rapport aux autres immigrants et aux natifs. Ceci souligne l'importance de poursuivre le développement de stratégies visant à améliorer leur intégration sur le marché du travail et leur accès à des emplois offrant des régimes de retraite privés afin d'améliorer leur revenu de retraite, surtout lorsqu’ils migrent après l’âge de 30 ans. The latest projections from Statistics Canada show that the structure of the Canadian population
has experienced two major transformations over the past few decades: it is becoming older and
more diverse. The increasing concentration of Canada's population in older age groups, driven by
demographic aging, is coupled with a growing diversity linked to immigration, which contributes,
among other things, to the growth of the Canadian workforce.
As immigrants, like native-born people, age and retire, the demographic diversity associated with
them will undoubtedly impact on retirement behaviour in Canada. This, since immigrants and
native-born Canadians manifest distinct professional and family trajectories that will be reflected
in the transition from the workforce to retirement.
Despite this context, many questions about immigrant retirement behaviour remain. Indeed, the
literature review for this thesis found that, while retirement research has answered many
questions, those relating to immigrant behaviour have been less explored. Such questions
concern the characteristics of immigrant retirees, the effects of the definition of retirement on
retirement outcomes within a context of high immigration, and the factors affecting the
retirement age of immigrant workers.
To improve our knowledge about retirement, this thesis sets three aims presented as scientific
articles that focus on the last observed retirement.
The first article presents a portrait of the retired population in Canada by immigrant status, based
on data from the 2016 General Social Survey. The results, albeit purely descriptive, show that
immigrant status implies a different transition from workforce to retirement than that of the
native-born. We find that immigrant women and men retire later than their native-born
counterparts, and that the latter are more likely to be retired regardless of the age group
analyzed. As for income, this study highlights that access to private pension plans among
immigrants is lower than that of natives. In addition, we find that the main source of retirement
income for the majority of individuals is public pension plans and government transfers, except for native-born men who are more likely to report private pension plans as their main source of
income.
The second article, using data from the Longitudinal and International Study of Adults (LISA)
coupled with administrative data on income, examines how the definition of retirement affects
both the results for the number of retirees and the average retirement age when immigrant status
is considered. This study also examines whether this effect varies in the same way for immigrants
and natives. The results suggest that the definition of retirement impacts both the estimate of
the proportion of retirees in a given age group, and the retirement age. The choice of definition
thus has an impact on the comparison between immigrants and natives, since it is based on
estimates that vary according to its operationalization. Furthermore, our analyses show that the
effect of the definition chosen differs between age groups, with people under 65 being the most
sensitive.
The third article focuses on factors related to the retirement age of immigrants in Canada, as well
as the link between this transition and characteristics associated with better integration into the
labour market, such as possession of a Canadian diploma and age of immigration. Using LISA data
coupled with administrative income information, the results show that, overall, while private
pensions influence significantly both immigrants' and native-born' retirement behaviours, the
presence of children in the household is only significant for the native-born. As for immigration
variables, it is observed that arriving no later than age 18 is associated with retiring earlier, no
matter the definition used. Also, holding a Canadian degree is associated with retiring later when
a definition based on reported retirement age is applied.
The results of this thesis contribute to knowledge about retirement in a context marked by the
growing proportion of immigrants. Firstly, we have demonstrated that, like gender, immigrant
status implies a different transition from workforce to retirement than that experienced by
native-born people, and this merits being a subject of study in itself. Secondly, our results
highlight the importance of better understanding the relationship between the definition of
retirement and the results, in order to better understand retirement behaviour in highly
immigrant societies. In addition, our analyses show, on the one hand, that immigrants who arrived before the age of 19 retire at a similar age to the native-born. On the other hand, those
who arrive after the age of 30 or who have a Canadian diploma are more likely to retire later than
other immigrants and natives. This highlights the importance of continuing to develop strategies
to improve immigrants’ integration into the labour market and their access to jobs offering
private pension plans in order to improve their retirement income, particularly when they migrate
after the age of 30.
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