Abstract(s)
Entre 1853 et 1870, de multiples quartiers de la ville sont éventrés pour permettre la mise en place de nouveaux boulevards par le baron Haussmann, préfet de Paris sous Napoléon III. Ces travaux majeurs ont frappé l’imaginaire social et constitué un objet de fascination pour la littérature. Le mémoire se situe sur le terrain de la sociocritique. La chercheuse cherche à comprendre comment des textes de Verne, Hugo et Zola lisent la nouvelle configuration urbaine parisienne. Dans Paris au XXe siècle (1863), Jules Verne projette la destruction dans le futur et, en retour, imagine les rémanences d’un passé étrangement constructif. Bien qu’il soit en exil, Victor Hugo est très au courant des changements urbains et sociaux en cours. Dans Paris (1867), son écriture travaille à rendre compatibles les idées de ruine et de progrès. Émile Zola, avec Paris (1898), exprime les contradictions accompagnant le changement urbain par le biais de métaphores médicales et organiques proches de « l’esprit de décadence » qui caractérise la fin du siècle. En conformité avec les visées de l’approche sociocritique, c’est à partir d’une lecture interne des oeuvres, mettant à profit les ressources de l’analyse de texte, de la poétique et de la narratologie, que la recherche se développe. L’étude mobilise également les ressources des travaux consacrés aux relations de la littérature et de la ville, ainsi que celles des ouvrages de synthèse produits dans les champs de l’histoire générale et de l’histoire de l’urbanisme.
Between 1853 and 1870, many areas of the French capital are torn down to allow the establishment of new avenues by Baron Haussmann, Paris’ prefect under Napoleon III. These major urban projects have struck the social imaginary and became an object of fascination for literature. This essay is located on the grounds of sociocriticism and seeks to understand how Verne’s, Hugo’s and Zola’s texts interpret the Paris’ new urban conformation. In Paris au XXe siècle (1863) Jules Verne is planning future destructions and, in turn, imagines the strange constructiveness of residual past. Although in exile, Victor Hugo is very aware of urban and social changes under way. In Paris (1867) his writing works to make compatible the ideas of ruin and progress. Émile Zola with Paris (1898) reflects the contradictions accompanying urban change through medical and organic metaphors close to "the decadence’s spirit" that characterizes the end of the century. In accordance with the aims of the sociocriticism’s approach, the research develops itself from an internal reading of works, drawing on the resources of texts’ analysis, poetics and narratology. The essay also mobilizes diverse works on relations between literature and the city, as well as works of synthesis produced in the fields of general history and of urban planning history.