Rêves dysphoriques, adversité précoce et adaptation psychosociale : étude longitudinale chez les enfants et les adolescents

Abstract

Cette thèse a pour but d’examiner 1) les associations longitudinales entre les rêves dysphoriques et les problèmes d’adaptation psychosociale à travers l’adolescence, 2) les effets principaux de l’environnement et du tempérament précoce dans le développement des rêves dysphoriques plus tard à l’adolescence et 3) le rôle modérateur du tempérament précoce dans l’association entre l’environnement précoce et les rêves dysphoriques à l’adolescence. Elle se compose de deux articles empiriques rédigés par la candidate, ainsi que de deux articles en annexe rédigés par la candidate en tant que co-auteure qui forment la base fondamentale de cette thèse. Le premier article en annexe présente des résultats transversaux sur les associations entre les rêves dysphoriques et les idéations suicidaires chez les adolescents de 12 et 13 ans. Le premier article de cette thèse enrichit ces résultats en ajoutant une perspective développementale et en considérant également les associations entre les rêves dysphoriques et les symptômes intériorisés tout au long de l’adolescence. Ce premier article principal de la thèse clarifie les associations bidirectionnelles et longitudinales entre la fréquence des rêves dysphoriques, les idéations suicidaires, les symptômes dépressifs et les symptômes anxieux chez les adolescents entre 13 et 18 ans. Les données soutiennent les résultats antérieurs en montrant qu’il existe des associations importantes entre l’expérience onirique, le risque suicidaire et les symptômes intériorisés à travers l’adolescence, permettant de donner une piste de plus dans la prévention du risque suicidaire. Le deuxième article en annexe se concentre sur le rôle modérateur développemental de l’émotivité négative précoce dans les associations entre les rêves dysphoriques et les problèmes d’adaptation psychosociale à 11 ans. Dans un esprit de continuité, le deuxième article principal de cette thèse répond à de nouvelles questions en explorant (1) les effets principaux de l’environnement social précoce et de l’émotivité négative précoce dans le développement des rêves dysphoriques, mais à travers toute l’adolescence, et (2) le rôle modérateur de l’émotivité négative précoce dans l’association entre l’environnement social précoce et la fréquence des rêves dysphoriques à l’adolescence. Les résultats montrent qu’un vécu d’adversité précoce est associé à une plus grande fréquence de rêves dysphoriques à l’adolescence, mais seulement chez les adolescents ayant des niveaux élevés d’émotivité négative précoce. En effet, nos résultats démontrent que l’émotivité négative précoce modère l’association entre l’environnement social précoce et la fréquence des rêves dysphoriques plus tard à l’adolescence. Plus précisément, lorsque l'émotivité négative précoce était élevée, la fréquence des rêves dysphoriques était plus élevée dans un environnement précoce adverse et plus faible dans un environnement positif. Chez les enfants ayant des niveaux d’émotivité négative précoce plus faibles, ils ne se trouvaient pas sensibles à la qualité de leur environnement dans la présentation des rêves dysphoriques à l’adolescence. Ces résultats soutiennent l’idée que c’est la combinaison des caractéristiques individuelles et environnementales qui explique le mieux le développement des rêves dysphoriques. Finalement, les résultats sont discutés en mettant en lumière les apports à la littérature, tout en les intégrant à diverses théories et hypothèses sur les rêves. Les forces et les limites, les contributions nouvelles et les implications théoriques et cliniques de la thèse, ainsi que des avenues futures de recherche sont présentées. En somme, cette thèse ajoute à notre compréhension du développement des rêves dysphoriques et à leurs associations et a des implications dans la prévention des rêves dysphoriques et de la santé mentale.

The purpose of this thesis is to examine: 1) the longitudinal associations between disturbing dreams and psychosocial adjustment problems throughout adolescence; 2) the main effects of early environment and early temperament on the development of disturbing dreams later in adolescence; and 3) the moderating role of early temperament in the association between early environment and the frequency of disturbing dreams later in adolescence. The thesis contains two empirical articles written by the candidate, as well as two articles in the appendix written by the candidate as a co-author and on which this thesis is based. Article 1 of the appendix presents cross-sectional findings on the associations between disturbing dreams and suicidal ideation in 12- and 13-year-old adolescents. The first article in this thesis expands upon these findings by adding a developmental perspective to this research question and by considering the associations between disturbing dreams and internalizing symptoms throughout adolescence. This first article clarifies the bidirectional and longitudinal associations between disturbing dream frequency, suicidal ideation, depression and anxiety symptoms in adolescents between the ages of 13 and 18. The study’s results support previous findings by showing significant associations between disturbing dreams, suicide risk, and internalizing symptoms throughout adolescence, thereby providing an additional avenue for the prevention of suicide risk. Article 2 of the appendix focuses on the developmental moderating role of early negative emotionality in the associations between disturbing dreams and psychosocial adjustment problems in 11-year-old children. The second article in this thesis adds to these findings by investigating new questions exploring: 1) the main effects of the early social environment and early negative emotionality in the development of disturbing dreams throughout adolescence; and 2) the moderating role of early negative emotionality in the association between the early social environment and the frequency of disturbing dreams in adolescence. Results show that early adversity is associated with a greater disturbing dream frequency in adolescence, but only in adolescents with high levels of early negative emotionality, suggesting that early negative emotionality moderates the association between early social environment and disturbing dream frequency later in adolescence. Specifically, when early negative emotionality was high, later disturbing dream frequency was greater with an early adverse environment, and lower in a positive environment. Children with low levels of early negative emotionality were not as sensitive to their environment and did not show a difference in their disturbing dream frequency in adolescence. These results support the idea that it is the combination of individual and environmental characteristics that is most strongly associated with the development of disturbing dreams. Finally, these findings are discussed by highlighting their contributions to the literature and by integrating them into current theories and hypotheses about dreaming. The strengths and limitations, novel contributions, and theoretical and clinical implications of the thesis as well as future research directions are then presented. In sum, this thesis contributes to our understanding of disturbing dream development and its associations with mental health in adolescents and carries implications for the prevention of disturbing dreams and mental health difficulties.