L'examen de la fonction exécutive à 5, 6 et 7 ans et de son rôle dans le lien entre l'inhibition comportementale et les symptômes anxieux à 7 ans

Abstract

L'autorégulation se définit comme la capacité à exercer un contrôle sur ses pensées, ses émotions et ses comportements dans l’atteinte d’un but. Elle permet de s’adapter aux événements de la vie difficiles ou situations nouvelles telles que la transition préscolaire-scolaire. Selon la perspective développée par Blair et Raver (2015), l’autorégulation est un système composé de cinq niveaux hiérarchiques réciproquement reliés: les gènes, la physiologie, le comportement, l’émotion et la cognition. L’objectif principal de cette thèse est d’examiner, pendant la transition préscolaire-scolaire, le développement de trois de ces cinq niveaux du système de régulation : cognitif, comportemental et émotionnel. Elle comporte deux articles empiriques. Le premier article examine deux modèles développementaux complémentaires de la flexibilité cognitive: le traitement itératif (Zelazo, 2015,) qui identifie les mécanismes neurocognitifs selon lesquels les patrons développementaux de la flexibilité peuvent émerger et la théorie des catastrophes (van Bers et al., 2011), qui se concentre sur les caractéristiques quantitatives et qualitatives de l’amélioration de cette performance. Spécifiquement, l’étude, qui utilise une analyse à décalages croisés, explore les associations longitudinales et bidirectionnelles de l’exactitude et du temps de réaction dans une tâche mesurant la flexibilité cognitive (DCCS blocs mixtes) à 5, 6 et 7 ans. L’étude examine également le rôle de la mémoire de travail et du vocabulaire comme médiateurs potentiels entre le temps de réaction et l’exactitude. Les résultats montrent qu’un ralentissement à 5 ans et à 6 ans au DCCS précède l'amélioration de l’exactitude au DCCS, qui ensuite prédit une augmentation de l'efficacité (vitesse) à 7 ans. La mémoire de travail agit comme un médiateur partiel entre un ralentissement à 5 ans et une meilleure exactitude à 6 ans. Afin de mieux comprendre le rôle du développement de la flexibilité cognitive et de la mémoire de travail dans l’adaptation socio-affective lors de cette transition, le deuxième article étudie l’interaction entre l’inhibition comportementale à 5 ans et ces deux fonctions exécutives à 6 ans en vue de prédire l’anxiété à 7 ans. Les résultats suggèrent que l'inhibition comportementale à 5 ans est positivement associée à des symptômes d'anxiété à 7 ans, mais seulement lorsque les enfants montrent des niveaux d’exactitude faibles de la flexibilité cognitive ou de la mémoire de travail à 6 ans. De bons niveaux d’exactitude de flexibilité cognitive ou de mémoire de travail à 6 ans, seraient un facteur protecteur. Ces résultats suggèrent que les différences individuelles dans le développement de la flexibilité cognitive et de la mémoire de travail permettent de prédire l’anxiété à l’enfance chez les enfants présentant une inhibition comportementale élevée. Les résultats des deux articles ont démontré que la transition préscolaire-scolaire s’avère une période de développement rapide et de réorganisation des compétences en flexibilité cognitive. Pendant son développement, la flexibilité cognitive et la mémoire de travail sont des facteurs protection pour les enfants ayant une inhibition comportementale élevée. Ainsi, la discussion générale de la thèse abordera la contribution aux modèles développementaux autour de la transition scolaire et l’implication des résultats des deux articles sur les recherches futures et l’intervention psychoéducative.

Self-regulation is defined as the ability to exercise control over thoughts, emotions and behaviors in order to achieve a goal. It supports adaptation to life events and to difficult or new situations such as the preschool-to-school transition. According to the perspective developed by Blair and Raver (2015), self-regulation is a system composed of five reciprocally linked hierarchical levels: the genes, the physiology, the behavior, the emotion and the cognition. The main objective of this thesis is to examine, during the preschool-to-school transition, the development of three of these five levels of the regulatory system: cognitive, behavioral and emotional. It includes two empirical studies. The first study examined two complementary developmental models of cognitive flexibility: iterative processing (Zelazo, 2015,) which defines the neurocognitive mechanisms by which developmental patterns of flexibility can emerge, and catastrophe theory (van Bers et al., 2011), which clarifies the quantitative and qualitative characteristics of improving performance. Using cross-lagged analysis, this first study explored longitudinal and bidirectional associations between accuracy and reaction time in a task assessing cognitive flexibility (DCCS mixed blocks) at ages 5, 6 and 7. The study also examined the role of working memory and vocabulary as potential mediators between reaction time and accuracy. The results showed that slower reaction times at 5 and 6 years in the DCCS preceded the improvement in accuracy in the DCCS, which then predicted an increase in efficiency (speed) at seven years. Working memory acted as a partial mediator between slowing down at 5 years and improved accuracy at 6 years, as suggested by the iterative processing model. In order to better understand the role of cognitive flexibility and working memory in child socio-affective adjustment during the preschool-to-school transition, the second study examined the interaction between behavioral inhibition at 5years and two executive function domains (cognitive flexibility and working memory) at 6 years in order to predict anxiety at 7 years. The results showed that behavioral inhibition at age 5 was positively associated with anxiety symptoms at age 7, but only when children showed low levels of accuracy in cognitive flexibility or working memory at age 6. High levels of cognitive flexibility or working memory accuracy at age 6 thus may act as protective factors. These results suggest that individual differences in the development of cognitive flexibility and working memory play an important role in the prediction of anxiety for children with high behavioral inhibition. Taken together, the results of the two studies suggest that the preschool-to-school transition corresponds to a rapid developmental period and of reorganization of cognitive flexibility. Further, during this period of dynamic development, cognitive flexibility plays an important protective role for children with high behavioral inhibition. The general discussion addresses the thesis’ contribution to developmental models during the school transition and the implications of the results of the two studies for future research and psychoeducational intervention to facilitate adjustment during the preschool-to-school transition.