Les pratiques curatives des Amérindiens de la Nouvelle-France vues par les jésuites de 1632 à 1656
Thèse ou mémoire
Résumé·s
Ce mémoire porte sur la médecine des Autochtones habitant le territoire laurentien telle que
vue et perçue par les jésuites venus en Nouvelle-France entre les années 1632 et 1656. Bien
qu'ils aient fréquenté de près les Amérindiens, les missionnaires ont livré peu de témoignages
concernant les pratiques curatives naturelles des peuples qu'ils sont venus convertir. Et
lorsqu'ils l'ont fait, la majorité de leurs descriptions sont à un tel point incomplètes que le
bilan des soins donnés par les Amérindiens est fort maigre.
Paradoxalement, les Relations, correspondance officielle des Pères de la Compagnie
de Jésus, contiennent pourtant un nombre considérable de récits se rapportant de près et de
loin à la médecine et aux guérisons. Cette contradiction trouve cependant son sens lorsque
l'on tient compte du contexte de l'effort missionnaire. D'une part, la formation des jésuites ne
valorisait guère l'étude de la botanique et de la médecine, ces sciences demeurant alors peu
développées pour cette époque. D'autres part, les pratiques curatives des guérisseurs, rivaux
des missionnaires, étaient un sujet de prédilection des auteurs des Relations.
Ces connaissances leur manquant, nous aurions pu aisément en faire abstraction si la
médecine avait été un facteur secondaire dans les rapports entre Amérindiens et
missionnaires. Ce qui ne firt pas le cas. Dans le cadre du choc microbien devant lequel la
médecine amérindienne s'avérait inefficace, les Pères ont saisi l'occasion, non pas dans un
dessein malveillant mais plutôt charitable, de s'attirer des ouailles en dispensant remèdes et
sacrements. Tout cela, par contre, au prix d'une querelle d'ordre médico-spirituelle avec les
guérisseurs autochtones et d'un discours tout à fait péjoratif des chroniqueurs des Relations à
l'égard des rites curatifs de ces mêmes gens.
Nous avons esquissé, dans le deuxième chapitre, les grands traits unissant la
spiritualité des Autochtones et leur art de guérir. Nous avons ensuite fait l'exercice de classer
les différents types de guérisseurs. Le troisième chapitre contient l'analyse des descriptions
médicales des jésuites afin de reconnaître en quoi consistait l'arsenal thérapeutique des
peuples amérindiens. Parce que les missionnaires ont eu beaucoup de mal à identifier les
plantes médicinales et comprendre la majorité des pratiques curatives, l'inventaire, au moyen
des Relations, demeure fragmentaire. L'étude d'ouvrages écrits par des auteurs pour la plupart ultérieurs aux premiers jésuites a toutefois suppléé aux silences et à l'imprécision de ces derniers en révélant des usages médicaux des plus variés.
Note·s
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