Repenser l'encadrement juridique de la médiation extrajudiciaire au prisme de la relation de soin : perspective franco-québécoise
Thesis or Dissertation
2022-01 (degree granted: 2023-02-24)
Author(s)
Level
DoctoralDiscipline
DroitKeywords
- Droit et politiques de santé
- Droit comparé
- Médiation
- Modes de prévention et de règlement des différends (PRD)
- Relation de soin
- Droits des patients et des usagers du système de santé
- Conflits de santé
- Qualité et sécurité des soins
- Health law
- Alternative dispute resolution
- Mediator
- Healthcare relationship
- Patients' and users' rights
- Quality and safety of care
- Social Sciences - Law / Sciences sociales - Droit (UMI : 0398)
Abstract(s)
La médiation présente un fort potentiel dans la régulation des rapports entre patients et professionnels de santé et de nombreux bénéfices dans le domaine de la santé lequel se prête aisément à la mise en œuvre des modes amiables de règlement des différends. L’utilisation marginale de la médiation en santé invite alors à considérer les facteurs juridiques susceptibles de l’expliquer. Ce travail visait donc à déterminer, le cadre juridique optimal susceptible de favoriser le recours – ou promouvoir le développement – de la médiation extrajudiciaire dans les différends nés de la relation de soin. L’hypothèse étant que la faible efficacité incitative des législations applicables à la médiation en santé représente un facteur dissuasif à son utilisation, cette efficacité étant tributaire du degré d’adaptation de ces législations à la nature spécifique des différends en santé. Le travail s’appuie sur une analyse comparative franco-québécoise, le Québec et la France étant tous deux au diapason s’agissant d’encourager le recours à la médiation. Un cadre d’analyse pour juger de l’adéquation des législations québécoise et française applicables à la médiation en santé aux différends nés de la relation de soin a d’abord été dégagé de l’étude de la singularité de ces différends. La comparaison des corpus juridiques québécois et français a ensuite montré des différences dans l’appréhension de la médiation mais également des similarités notamment s’agissant des difficultés concernant son implantation dans le champ de la santé. Les démarches faites pour les surmonter à la fois se rejoignent et diffèrent puisqu’elles dépendent de deux paramètres : assurer un environnement favorable au recours et structurer les conditions de la fonction de médiation. Ainsi, l’environnement juridique, à la fois conceptuel et axé sur l’information, l’accompagnement et l’accessibilité des justiciables, et la formation des acteurs de la médiation en santé sont donc cruciaux pour son avenir dans le champ de la santé. En prenant appui sur les forces des cadres juridiques québécois et français, le modèle de référence de la médiation en santé proposé s’inscrit, d’abord, dans un cadre global plus large visant à insuffler une véritable culture de médiation. Ensuite, il repose sur une approche pragmatique et donc sur une conception de la médiation en santé « hybride » qui se détache de la définition communément adoptée par la doctrine. Ce cadre de référence propose de renouveler le champ d’application de la médiation par une approche centrée sur le concept de qualité et de sécurité de soins. Le potentiel de la médiation dans l’amélioration de la qualité et de la sécurité de soins est sûrement l’élément clé qui fonde la spécificité de cette médiation et sur lequel il conviendrait de davantage insister en tant que finalité explicite de cette médiation. La médiation en santé pourrait ainsi bénéficier d’un ancrage pérenne et s’insérer plus aisément dans le répertoire des pratiques institutionnelles. Par ailleurs, en tant qu’instrument au service de l’amélioration de la qualité de soins et de prévention des erreurs médicales, la médiation n’est plus seulement un instrument « curatif » de gestion de crise. Elle offre plutôt un panel d’options permettant de répondre à l’extrême diversité des besoins des parties au différend né de la relation de soin. Au travers de cette étude, nous montrons in fine l’existence d’un besoin accru de médiation au sein des deux systèmes de santé et de quelle manière le droit peut constituer un moteur essentiel pour promouvoir un certain modèle de médiation en santé et favoriser ou non son recours. Mediation has great potential in the regulation of relations between patients and health
professionals and many benefits in the health field, which lends itself easily to the
implementation of alternative dispute resolution methods. The marginal use of mediation in
the health field invites us to consider the legal factors that could explain it. The aim of this
work was therefore to determine the optimal legal framework likely to encourage the use - or
promote the development - of extrajudicial mediation in disputes arising from the care
relationship. The hypothesis being that the low incentive efficiency of the legislations
applicable to mediation in health represents a dissuasive factor to its use, this effectiveness
being dependent on the degree of adaptation of these legislations to the specific nature of the
disputes in health. The work is based on a comparative Franco-Quebec analysis, with both
Quebec and France being in tune in terms of encouraging the use of mediation. An analytical
framework for judging the adequacy of the Quebec and French legislation applicable to
mediation in the health sector to disputes arising from the health care relationship was first
identified by studying the singularity of these disputes. The comparison of the Quebec and
French legal corpora then showed differences in the apprehension of mediation but also
similarities, in particular with regard to the difficulties concerning its implementation in the
health field. The steps taken to overcome them are both similar and different since they depend
on two parameters: ensuring an environment favourable to recourse and structuring the
conditions of the mediation function. Thus, the legal environment, both conceptual and focused
on information, support and accessibility of litigants, and the training of the actors of mediation
in health are crucial for its future in the health field. By building on the strengths of the Quebec
and French legal frameworks, the proposed reference model for mediation in health is, first,
part of a broader global framework aimed at instilling a true mediation culture. Secondly, it is
based on a pragmatic approach and therefore on a conception of « hybrid » mediation in health
care that is different from the definition commonly adopted by the doctrine. This reference
framework proposes to renew the field of application of mediation by an approach centred on
the concept of quality and safety of care. The potential of mediation in the improvement of the
quality and safety of care is surely the key element that founds the specificity of this mediation
and on which it would be advisable to insist more as an explicit purpose of this mediation.
Mediation in health care could thus benefit from a perennial anchoring and be more easily
inserted in the repertoire of institutional practices. Moreover, as an instrument for improving
the quality of care and preventing medical errors, mediation is no longer just a "curative"
instrument for crisis management. Rather, it offers a range of options to meet the extremely
diverse needs of the parties to the dispute arising from the care relationship. Through this study,
we show in fine the existence of an increased need for mediation within the two health systems
and how the law can constitute an essential driving force to promote a certain model of
mediation in health and to promote or not its recourse.
Note(s)
Cotutelle France-QuébecCollections
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