Lexique colonial, domination herméneutique et ignorance blanche
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Les Cahiers d'Ithaque ; pp. 85-104.Publisher(s)
Société Philosophique IthaqueAuthor(s)
Abstract(s)
L’intention de cet article est de mettre en lumière certains effets de l’utilisation
erronée du lexique colonial, précisément l’identification d’un groupe dominant par
rapport à un groupe opprimé. Le cas analysé dans cet article est celui des
Québécois∙e∙s blanc∙he∙s d’ascendance canadienne-française s’identifiant comme
victimes d’oppression coloniale de la part de puissances anglophones. À cet effet,
j’avance que l’utilisation inadéquate du lexique colonial engendre des injustices
herméneutiques, dans la mesure où ce détournement de sens est à l’avantage du
groupe dominant. L’usage fautif de ce langage pour décrire des situations qui ne
sont pas stricto sensu du colonialisme n’est pas un acte politiquement neutre,
puisqu’il cause non seulement un détournement du sens commun de ce que signifie
être colonisé∙e, mais aussi une domination herméneutique. Finalement, je soutiens
que cette identification fallacieuse est une manifestation de l’ignorance blanche telle
qu’elle est définie par Mills.