Résumé·s
Entre 100 et 140 millions de femmes, de petites filles et d’adolescentes sont excisées
(Andro et Lesclingrand, 2007). Les risques sanitaires de l’excision sont élevés et
concernent la santé reproductive, physique et psychologique des femmes. Les nouvelles
migrations et l’augmentation des pays qui légifèrent l’excision ont contribué à
l’internationalisation de l’excision et à la modification de son processus. On constate
actuellement une tendance de l’excision à devenir une pratique clandestine et une perte de
sa signification rituelle. En même temps, les mouvements de lutte internationaux, régionaux
autant que nationaux prennent de l’ampleur et connaissent une période de mutation afin de
contrer la nouvelle figure de l’excision. Le Burkina Faso ne fait pas exception. Le
gouvernement burkinabé s’est clairement positionné en faveur du mouvement de lutte
contre l’excision et met en place de nombreux dispositifs juridiques, politiques et
économiques afin d’en soutenir les initiatives. En 2003, 77 % des femmes burkinabè âgées
de 15 à 49 ans se déclaraient excisées. Parallèlement, on assiste à une diminution de la
pratique chez leurs filles entre 1998 et 2003 et à une augmentation du nombre de Burkinabè
se déclarant contre la pratique. Pourtant en 2003, environ 40 % des femmes ont excisé ou
souhaitent exciser leurs filles et environ 24 % des hommes et 26 % des femmes sont
encore favorables à la perpétuation de l’excision. Ce mémoire s’intéresse d’abord aux
changements de pratique, de connaissance et d’attitudes par rapport à l’excision entre 1998
et 2003. Il s’intéresse ensuite aux déterminants socioculturels, démographiques et
économiques favorisant la persistance de cette pratique au sein de la société burkinabé et
aux obstacles rencontrés par les intervenants pour combattre l’excision sur le terrain. Pour
ce faire la recherche associe méthodes quantitatives et qualitatives. Elle combine analyses
statistiques des données des enquêtes démographiques de santé de 2003 et de 1998 et
analyse des données d’entretiens collectées auprès d’acteurs sur le terrain entre le premier
et le 10 octobre 2005.
Between 100 and 140 million women, young and teenage girls have undergone feminine
genital cutting (Andro and Lesclingrand, 2007). The medical risks of excision are high and
relate to the reproductive, physical and psychological health of women. New migrations
and the increase of countries legislating female genital cutting contributed to the
internationalization of the practice and to the changes in its process. The loss of the ritual
significance of excision and the increase as a concealed practice have clearly been noticed.
In the meantime, the international movements fighting it, regional as well as national,
amplify and put changes together in order to counter the new figure of female genital
cutting. Burkina Faso does not make exception. The Government has clearly positioned
itself in favour of movements fighting excision; and has set up many legal, political and
economic devices in order to support their initiatives. In 2003, 77% of Burkina Faso
women aged between 15 to 49 years old were declared excised. In parallel, a reduction in
the practice for their daughter between 1998 and 2003 is noted as well as an increase in the
number of Burkina Faso people declaring themselves against the practice. However in
2003, approximately 40% of women have performed or would like their daughter to
undergo the cut; and approximately 24% of men and 26% of women are still encouraging
the perpetuation of excision. This thesis’ first concern is the changes in the practice, and the
knowledge and attitudes regarding excision between 1998 and 2003. Secondly, the
attention is drawn on the socio-cultural, demographic and economic determinants indulging
the doggedness of this practice within Burkina Faso people and on the concrete obstacles
workers encounter on the ground. Therefore this research associates quantitative and
qualitative methods. It combines statistic analysis of the Demographic and Health Surveys
of 2003 and 1998 data; and analyzes data collected from talks made between October 1
st
and 10th, 2005 with fields’ workers.