Résumé·s
Le secteur forestier québécois a fait face à une crise profonde au cours des dernières années. Une crise touchant à la fois l’état de santé du patrimoine forestier public et celui de l’industrie forestière comme moteur économique de plusieurs régions périphériques. La dimension sociale de cette crise s’étend au-delà des statistiques socioéconomiques et remet en question la légitimité des modes de gouvernance des forêts publiques qui ont prévalu par le passé pour ouvrir la porte à de nouveaux modes de gouverne. Ce travail dirigé tente de situer les nouvelles règles de gouvernance locale institutionnalisées par la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier dans la littérature sur le passage « du gouvernement vers la gouvernance ». Plus précisément, nous nous interrogeons sur les tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (TLGIRT) et leur place au sein d’une gouvernance forestière renouvelée qui vise à territorialiser la ressource au profit d’une participation accrue des acteurs locaux.
Le premier chapitre présente deux lectures de la gouvernance dominantes dans la littérature canadienne sur la gestion des forêts, ainsi que les principaux travaux mobilisant ces approches dans l’étude de la gouvernance des forêts au Canada et au Québec. Le deuxième chapitre adopte une perspective historique et se penche sur l’évolution des régimes forestiers québécois en les distinguant en fonction du mode de tenure de la forêt, des acteurs qui y participent et des paradigmes qui orientent l’exploitation de la ressource. Le troisième chapitre propose une discussion mettant en perspective notre cadre théorique de la gouvernance et les initiatives régionales et locales que sont les TLGIRT. En conclusion, nous nous interrogeons sur les évolutions dans les préoccupations des acteurs régionaux et locaux quant à la gestion forestière et dans les réponses proposées par les régimes forestiers québécois, pour en comprendre les conséquences face à la gestion publique des forêts.