Mille après mille : mobilité, célébrité et mémoire des artistes populaires après «l'exode»
Thèse ou mémoire
2019-09 (octroi du grade: 2020-03-25)
Auteur·e·s
Cycle d'études
DoctoratProgramme
HistoireMots-clés
- mobilité
- tournée
- migration
- médias
- célébrité
- art populaire
- mémoire publique
- patrimonialisation
- identification collective
- 20e siècle
- Québec
- Nouvelle-Angleterre
- mobility
- tour
- migration
- media
- celebrity
- popular art
- public memory
- heritagization
- collective identification
- 20th century
- Quebec
- New England
- History - Canadian / Histoire - Canadienne (UMI : 0334)
Résumé·s
L’histoire des arts et de la culture au Québec comporte plusieurs exemples de « retours d’Europe » et de « triomphes français » depuis les séjours de formation outre-Atlantique des « exotiques » jusqu’aux succès des chansonniers sur les scènes parisiennes. Or, entre le début des années 1930 et le milieu des années 1950, de nombreux artistes populaires montréalais font plutôt l’expérience de la tournée américaine. Année après année, ces artistes sillonnent les routes de la Nouvelle-Angleterre pour divertir le public francophone présent dans les villes industrielles et dans les villages forestiers de la région, se rendant même parfois jusqu’à New York. Pourtant, cet épisode de grande mobilité est pratiquement absent de l’histoire, de la mémoire et du patrimoine culturel au Québec et aux États-Unis.
Au-delà de l’impact de la Grande Dépression sur la scène culturelle montréalaise et de celui de la Deuxième Guerre mondiale sur la possibilité de séjourner en Europe, si ces artistes ont tourné leur regard vers l’Amérique, c’est parce qu’ils évoluent dans un espace transnational autant géographique que symbolique, hérité de l’époque des grandes migrations intracontinentales, puis réactivé et reconfiguré par l’avènement des médias sonores et audiovisuels comme le disque, la radio et le cinéma. L’histoire de la célébrité médiatique de Mary « La Bolduc » Travers, de Rudy Vallée et de Jean Grimaldi proposée dans cette thèse permet d’accéder aux différentes strates de ce phénomène à la croisée de l’histoire culturelle, de l’histoire des médias et de l’histoire des migrations. Leurs récits enchevêtrés révèlent ainsi les modalités de la mobilité migratoire, artistique et médiatique au sein — et parfois à l’extérieur — de la « communauté imaginée » canadienne-française.
L’étude des critères de la patrimonialisation des artistes éclaire en partie les causes de l’oubli de cet épisode de la culture francophone en Amérique du Nord, comme : le rejet de la mobilité dans la mise en récit des formations nationales et ethnoculturelles ; la marginalisation historique des arts populaires ; et la méfiance que suscitent à l’époque les États-Unis au sein des élites culturelles et politiques à travers le monde. Art history and cultural history in Quebec present many examples of “retours d’Europe” and of “French triumphs,” from the formative overseas stays of the “exotiques” in the 1910s to the stage success of Quebec “chansonniers” in Paris in the 1950s and 1960s. However, between the early 1930s and the mid-1950s, some of the most famous French-speaking artists based in Montréal preferred to go on tour in the United States. Many of them traveled New England year after year, sometimes going as far as New York City, to cheer the French-speaking public present along the way in the industrial cities of the region. Yet this episode of high mobility is almost absent from history, memory and cultural heritage in Quebec—and even more so in the United States.
Beyond the impact of the Great Depression on Montréal’s cultural scene and of the Second World War on the possibility of visiting Europe, these artists have turned their eyes towards America because they participated in a transnational space, both geographical and symbolic, inherited from an era of great intracontinental migrations, then reactivated and reconfigured by the advent of sound and audiovisual media—discs, radio and cinema. By studying the history of the celebrity of Mary “La Bolduc” Travers, Rudy Vallée and Jean Grimaldi, this thesis attempts to access to the various layers of this phenomenon at the crossroads of cultural history, media history and migration history. Their intricate narratives therefore reveal the modality of mobility involved inside—and often times outside—of the French Canadian “imagined community.”
By analyzing the heritagization process of these artists, it is possible to isolate some of the causes the oblivion of this transnational episode of francophone culture in North America, such as the rejection of mobility in the formation of national and ethnic identity narratives; the historical marginalization of popular arts; and the mistrust of the United States among cultural and political elites around the world at the time.
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